Le lien entre la Révolution de Novembre et l'Algérie de 2009 est vite trouvé par le FLN: les mêmes idéaux sont appelés à animer les générations nouvelles. Un pays qui n'a pas d'histoire ne peut pas avoir d'avenir. C'est par cette formule que le FLN semble vouloir justifier son appel vis-à-vis de la France pour reconnaître ses crimes coloniaux en Algérie. A la veille du 1er Novembre, le parti réaffirme même que cette revendication n'est pas conjoncturelle. «L'Algérie ne cessera pas d'exiger la reconnaissance par la France de ses crimes coloniaux à l'endroit du peuple algérien», insiste un communiqué rendu public samedi dernier. Et ce ne sont pas les arguments qui manquent au parti présidé par Abdelaziz Belkhadem. Ce dernier a d'ailleurs lancé un plaidoyer en faveur de cette quête il y a quelques jours, à l'occasion d'une journée d'étude à l'APN. Le parti n'est pas le seul à porter cette revendication. Les partis de l'Alliance présidentielle ont aussi suivi cette voie ainsi qu'un certain nombre d'associations. Il n'y a rien d'étonnant à ce que le FLN mène la campagne pour demander la repentance, car ses membres s'estiment toujours dépositaires de la légitimité historique, bien que cet héritage lui soit dénié par certaines parties qui demandent le renvoi du parti au musée. Or, cette campagne est censée démontrer que le parti est toujours indispensable à la sauvegarde de la mémoire de la nation. D'ailleurs, les rédacteurs du communiqué ne cachent pas le fait qu'il s'agit d'une revendication «légitime, historique, morale et politique car rester fidèle au message du 1er Novembre exige la préservation de la mémoire collective». Cette dernière est censée constituer une source d'inspiration pour les générations futures, souligne le FLN comme pour insister sur le fait que son action n'est pas inspirée seulement par des aspirations revanchardes. Même si pour le Front, à l'origine de la Révolution, la guerre n'est toujours pas terminée et l'Indépendance n'est pas une finalité à son combat. La direction du parti signifie que cette poursuite du combat s'inscrit en droite ligne de la loyauté envers le message du 1er Novembre. En militant en faveur de la consécration de la sécurité, de la stabilité et des valeurs de paix et de réconciliation, le FLN pense qu'il ne fait que pérenniser son action qui a commencé 55 ans plus tôt. Le parti n'omet pas de souligner que les inégalités sont seulement vécues sous le colonialisme même si elles subsistent toujours et que la forme revêt des aspects nouveaux. Mais cette situation ne saurait durer puisque le parti promet qu'il oeuvrera à jeter les bases de l'Etat de droit et de la société d'entraide, de solidarité et de partage des richesses. On sait que ce travail a commencé en 1962, mais aucune échéance n'est avancée pour son achèvement, ce qui laisse au FLN de belles années devant lui pour concrétiser son projet social, fût-ce sous le règne d'une économie de marché, ce qui est un contexte complètement différent de celui des années 1960. Mais peu importe le régime, pourvu que la volonté subsiste. Cette même volonté conduit le FLN à admettre explicitement que la revendication de repentance n'est pas seulement synonyme d'une recherche de reconnaissance pour celui auquel on accorde le pardon mais aussi le point de départ pour une nouvelle société débarrassée de ses injustices. La rhétorique du FLN veut que les principes de Novembre conduisent inéluctablement au pardon de la France, ce qui permettrait à son tour à la société d'exorciser ses démons. Ce n'est qu'une fois ces préalables réalisés qu'il sera possible de se tourner sans tourments vers les tâches non achevées de développement pour enfin «donner à la femme la place qui est la sienne au sein de la société, d'oeuvrer à raffermir l'espoir chez les jeunes à travers la consécration des valeurs de la Révolution, de prôner la bonne gouvernance et de lutter contre les fléaux». Les entraves à la concrétisation des idéaux de Novembre ne sont pas seulement décelées dans les positions de la France car le FLN veut combattre tous «ceux qui portent préjudice aux symboles de la Révolution». Sans les nommer. Tellement ils sont nombreux, pourrait-on penser. Souhaitons seulement que la demande de repentance soit vite exaucée par la France pour que le FLN puisse sereinement passer à la deuxième phase de son plan.