Les faits interviennent au moment même où l'Algérie lance une initiative au plan international en appelant les Occidentaux à ne pas payer de rançons aux terroristes. Quelle belle leçon des Iflissen! Quelques heures après la réunion qui a regroupé les représentants du arch des Iflissen, les ravisseurs d'un propriétaire du bar-restaurant ont cédé et relâché leur victime sans payer aucune rançon. Il a été récupéré aux alentours de son village lssennajen dans la nuit de dimanche à lundi, vers 22h, sain et sauf et en bonne santé. En effet, la mobilisation des villageois a vite eu l'effet boule de neige dès le lendemain matin de l'enlèvement. Tôt dans la matinée, les représentants des villages de la commune d'Iflissen se sont réunis pour apporter leur soutien à la victime et sa famille. La décision de ne pas se soumettre au diktat des ravisseurs a été prise dans l'après-midi et la mobilisation s'est spontanément transformée en une action de recherche dans la forêt. Des citoyens se sont, par milliers, rendus dans le massif forestier situé entre Tigzirt et Azeffoun en vue de récupérer la victime par tous les moyens. Dans la soirée, d'autres villages sont venus de Tigzirt pour se joindre à l'action du arch des Iflissen déjà en cours. La tension était à son comble dans la nuit. Les villageois ne laissaient transparaître aucune volonté de se laisser faire ou de céder à la pression. Selon nos sources, les représentants du village ont clairement signifié aux ravisseurs leur refus de payer la rançon demandée et qui s'élevait à 700 millions de centimes. Vers 20h, la nouvelle de la libération du propriétaire du bar-restaurant est tombée. Il sera récupéré vers 22h par des membres de sa famille non loin de son village sans avoir versé une quelconque somme d'argent. Toutefois, l'heureuse fin de cet enlèvement met clairement à l'avant-plan le rôle encore important de la mobilisation citoyenne que certains n'ont pas cessé de qualifier d'archaïque. Après s'être soulevé face à la hogra durant les événements du Printemps noir 2001, la même mobilisation se dresse encore une fois devant l'insécurité qui règne dans la région. C'est en effet dans cette situation de chaos sécuritaire que les habitants de la région viennent démontrer qu'ils sont porteurs d'une citoyenneté prête à se défendre et pourquoi pas à s'organiser et s'insérer sans complexe aucun dans la modernité. De toute évidence, la même organisation peut aussi venir à bout de beaucoup de situations conflictuelles en ces temps où la tension apparaît dans tous les domaines. L'importance de cette mobilisation, qui a toujours existé pour défendre les individus, apparaît au vu de l'actualité. Des villages ont refusé de payer une rançon au moment même où l'Etat algérien vient de lancer une initiative au plan international en appelant notamment les pays occidentaux de ne pas payer les rançons demandées par des terroristes en contrepartie de la libération de leurs compatriotes. Notons également que la mobilisation des villageois à If1isen n'est pas unique. Bien avant, des villages aux Ouadhias ont donné la même réponse aux ravisseurs. Un rassemblement et un sit-in s'étaient spontanément tenus le lendemain de l'enlèvement devant le domicile du citoyen de la région. Les représentants affirmaient ce jour-là que d'autres actions étaient prévues pour la libération de la victime. A Aït Toudert dans la région des Ouacifs, les villageois d'Izerrouken ont tenu un sit-in et une marche populaire pour dénoncer l'insécurité qui paralyse leur localité. Ils demanderont des armes pour se défendre. Cette action est venue au lendemain du kidnapping d'un commerçant qui sera libéré quelques jours plus tard. Ainsi, le message était on ne peut plus clair à savoir que les villageois ne peuvent se laisser faire indéfiniment face au diktat de quelque groupe qui soit. Semer la terreur parmi la population peut faire émerger des réflexes de self-défense capables de renverser bien des situations. La mobilisation citoyenne est un signal que la société civile peut s'organiser et même se défendre en cas de danger suprême. N'est-ce pas que c'est dans le village d'Igoujdal dans la commune d'Azzeffoun que le premier groupe d'autodéfense est né en 1994 quand le terrorisme bombait le torse? Cette initiative a été ensuite reprise à travers tout le territoire national pour aboutir à la constitution des gardes communaux.