Des doutes pèsent sur un responsable du ministère des Transports qui aurait procédé à la conclusion illégale de marchés. Le directeur de la planification au ministère des Transports a fait l'objet d'une arrestation il y a quelques jours dans une affaire de corruption. Le responsable serait poursuivi dans une affaire d'attribution illégale d'un contrat d'équipement du métro d'Alger au groupe allemand Siemens. La même source ajoute que le contrat a été signé en janvier 2006 avec un cartel conduit par Siemens. Le contrat s'élève à 380 millions d'euros. Ce haut cadre du département de Amar Tou aurait favorisé le groupe allemand face à ses concurrents, notamment le français Alstom en contrepartie d'une commission. Il est actuellement en détention provisoire à la prison de Serkadji en attendant les résultats de l'enquête. Ces comportements tendent à s'ancrer solidement dans le mode de vie des Algériens. De véritables affaires Clearstream à l'algérienne sont dévoilées quotidiennement. En effet, depuis quelque temps, il ne se passe pas une semaine sans que de nombreux organes de presse ne mettent à nu des affaires de corruption impliquant de gros bonnets. Des malversations présumées sont aussi signalées au ministère des Travaux publics. Le projet de l'autoroute Est-Ouest constitue, à lui seul, un véritable vivier de la corruption en Algérie. Bénéficiant d'une première enveloppe de trois milliards de dollars, il a été revu à la hausse pour atteindre onze milliards de dollars. Cette enveloppe mirobolante pour une réalisation dont la qualité est, jour après jour, remise en cause, a fini par mettre la puce à l'oreille des services de sécurité. Le début du mois d'octobre a vu l'arrestation de quatre cadres supérieurs dont le secrétaire général du département de Amar Ghoul suite à des plaintes du groupement chinois Citic-Crcc en charge de la construction des parties Centre et Ouest de l'autoroute pour des affaires de pots-de-vin. Plus que cela, des responsables aux niveau de l'Agence nationale des autoroutes exercent des pressions sur les étrangers en leur exigeant des avantages personnels tels que des visas. De ce fait, au lieu d'être le projet du siècle comme l'a qualifié le ministre, cette autoroute prend plutôt la forme d'un scandale du siècle. Les observateurs expliquent que l'enquête des services de sécurité, qui se poursuit risque de faire tomber d'autres têtes au ministère des Travaux publics et dans les milieux d'affaires nationaux et étrangers. De nombreuses affaires similaires touchent également d'autres départements. La preuve en est que les brigades économiques de certains services de sécurité se sont mis à entendre des responsables de la gestion au niveau d'autres secteurs et à vérifier la régularité des marchés octroyés jusque-là. Le blanchiment d'argent ne cesse, de son côté, de faire tache d'huile en Algérie. Ainsi, en juillet dernier, la Banque extérieure d'Algérie a fait état de la découverte de 18 opérations suspectes de ce genre. Le montant des dettes non garanties de cette banque s'élèverait à 85 milliards de dinars, dont 35 milliards de dinars comme créance auprès du secteur public et 32 autres du secteur privé. Par ailleurs, signalons que la loi 01/06 de février 2006 relative à la prévention et la lutte contre la corruption n'a fait que banaliser ce fléau. Il est temps de penser sérieusement à mettre en place les moyens de contrôle adéquats comme des instances judiciaires ou des instances de contrôle autonomes. En attendant, la corruption continue de gagrener l'environnement car il ne s'agit plus du fait de personnes mais de celui de tout un système.