Il a été le premier homme politique à avoir exigé des excuses officielles de la France coloniale pour ce qu'elle a commis durant les 132 ans de colonisation. L'ancien président du Conseil de la nation, le Moudjahid Bachir Boumaza, est décédé en Suisse à l'âge de 82 ans, a-t-on appris hier. Feu Boumaza, né le 26 novembre 1927 à Kherrata, a occupé le poste de président du Conseil de la nation de janvier 1998 à avril 2001. Il a été le premier homme politique algérien à avoir exigé clairement des excuses officielles de la France coloniale pour ce qu'elle commis en Algérie durant les 132 ans de colonisation. «Faire l'apologie d'un système universellement condamné ne contribue pas à l'assainissement d'un contentieux historique», avait affirmé M.Boumaza, en 2005, alors que la polémique faisait rage sur la promulgation de la loi du 23 février recommandant un enseignement positif de la colonisation. Le défunt a toujours préconisé «la décolonisation» de l'Histoire entre l'Algérie et la France. «Nous avons un caillou dans notre chaussure. On peut marcher avec, mais c'est pénible. Enlevons-le!», aimait-il à répéter. Les plus hautes autorités françaises lui ont réservé un accueil de choix à l'occasion de la visite officielle qu'il a effectuée en France les 15 et 17 mai 2000 en tant que président du Conseil de la nation. Fin lettré, Bachir Boumaza impressionne ses interlocuteurs par sa connaissance des classiques français, qu'il cite largement, et à bon escient, en renfort de ses démonstrations. Bachir Boumaza concentre en lui une bonne part de l'histoire de l'Algérie. Au lendemain de l'Indépendance, il a assumé plusieurs postes de responsabilité, notamment ceux de ministre du Travail et des Affaires sociales, dans le premier gouvernement de la République algérienne en 1962, ministre de l'Economie nationale en 1963, ministre de l'Industrie et de l'Energie de 1964 à 1965 et ministre de l'Information de 1965 à 1966. Opposant à Houari Boumedienne, il se réfugie en France en 1966. Bachir Boumaza a été aussi président fondateur de l'association du 8 Mai 45. Le défunt, qui a rejoint les rangs du Mouvement national dès son jeune âge, a été notamment responsable au sein de la Fédération de France du FLN. Il a été d'abord membre du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques en Algérie (MTLD), dès 1945 et accompagne Messali Hadj lors d'un voyage en France en 1951. Il rallie ensuite le FLN et joue un rôle considérable dans la mise sur pied de la Fédération de France. Il est incarcéré à Fresnes de 1958 jusqu'à son évasion en 1961. Il gagne l'Allemagne. Il a été d'abord commissaire à l'information au moment de l'Indépendance, puis député à partir de septembre 1962.