«Un musée de type apologétique du passé colonial de la France sera érigé bientôt», regrettera notre orateur. Le célèbre écrivain et universitaire, spécialiste aussi des questions de citoyenneté sous la Révolution française et des questions qui ont trait à l'histoire coloniale, le Français Olivier Le Cour Grandmaison était l'hôte du Salon du livre où il est venu présenter, jeudi dernier, à la salle Afrique son dernier livre La République impériale, racisme d'Etat, publié aux éditions Fayard. L'homme de gauche ne va pas de mainmorte pour évoquer le système répressif appliqué par le colonisateur durant la guerre d'Algérie envers ce qu'on appelait les indigènes, les privant de toute liberté. Il évoquera, à de nombreuses reprises, les discours du président français Nicolas Sarkozy, les qualifiant de «raciste» à l'instar de celui débité à Dakar en 2007. Aussi, le débat était animé par M.Mohamed El Corso qui interrogera M.Le Cour Grandmaison sur la place de l'écriture dans l'histoire de la France d'aujourd'hui arguant qu'«il y a une mainmise sur cette histoire qu'on tente de squatter», dit-il. Il évoquera cette minorité dérangeante, mais agissante, qui à l'image de Rafael Branche qui tente à démontrer la véritable histoire a contrario de cette tendance qui se veut selon lui montrer à tout prix une histoire positive telle voulue par Sarkozy. Une minorité dont fait partie notre hôte de la rencontre. Ce dernier, fera remarquer n'être pas historien, chose qu'on lui reproche souvent d'ailleurs, a affirmé Le Cour Grandmaison. Il évoquera aussi la loi du 23 février qui reste encore en vigueur et donc toujours dangereuse selon lui tant que l'article premier de cette loi n'est pas abrogé. «Il faudrait que l'ensemble de cette loi soit abrogé, pas seulement l'article 4». L'orateur se rappelle le discours de Sarkozy lancé lors de sa campagne présidentielle à Toulan, quand il a affirmé vouloir chercher les voix du Front national. «Sa politique passe par la tentative de réhabilitation du passé colonial, de la France, quand il a voulu instaurer ce ministère abracadabrantesque qui n'a pas son équivalent en Europe, ni même en Italie de Berlusconi, ce ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale qui suppose la solidarité nationale». M.Le Cour Grandmaison a toutefois, fait remarquer que l'hyperactivité de Sarkozy n'a pas encore d'incident sur l'écriture de ce passé colonial qui produit, hélas, des effets académiques où les prises de position sont devenues plus officielles en vue de restaurer ce passé prestigieux. «Cela passe, selon lui, par la politisation de l'histoire de l'ancienne colonie qui revêt un cachet de paradis perdu», selon M.El Corso. «Le ressort avant tout électoraliste tactique souvent applaudi par la France se paie la défaite du Front national et se joint à la victoire de la France électorale partiellement reprise par la majorité. Il n'est pas étonnant la façon réitérée que Sarkozy met en avant de ce qui veut être une France glorieuse.» En témoigne dira-t-il, ses déclarations et en prolongement institutionnel de cela, ce musée qu'il veut mettre en place afin de glorifier le passé de la France, des croisades à nos jours. M.Le Cour Granmdaison cite aussi le discours «raciste» de Sarkosy à Dakar à l'adresse de l'homme africain et basé «sur un double jeu de la rhétorique, à savoir d'une fiction de l'homme africain qui résumerait 9 millions d'hommes africains, imputant ainsi à une certaine entité des qualités négatives». Qualifiant cela de «vieux préjugés», l'orateur dira que ces mots sont symptomatiques de la politique rétrograde de la France. L'orateur se demandera qu'elle aura été la réaction des juifs si un homme ou une femme politique français (e) avait osé tenir de tels propos et parler d'eux en de telles qualités négatives. «Cela aurait été inacceptable. On l'aurait traité d'antisémite!». Ici, notre orateur rejoint très bien les pensées fondamentales de l'humoriste Dieudonné qui n'est pas à ses premiers déboires politico-judiciaires en France pour avoir osé clamer ces mêmes vérités. M.Le Cour Grandmaison qualifiera aussi cette culture française qui se veut dominante comme étant méprisante envers les autres. M.El Corso abordera cette fois l'article 3 relatif à la création d'une fondation chargée de l'écriture de l'historie en Algérie et du combat en Tunisie et au Maroc et portant aussi incrimination à tout ceux qui portent atteinte aux harkis. M.El Corso regrettera la non-réaction des intellectuels algériens envers cette loi-ci et n'était sa condamnation par le président de la République Abdelaziz Bouteflika. Et son interlocuteur de faire remarquer qu'eu égard à la crise financière et autres obstacles: «Il est plus normal de voir prochainement la création du musée cité ci-dessus que la bâtisse de cette fondation. Un musée», dira t-il, de type «apologétique, avec un côté mythologique instrumentalisant l'histoire telle, qu'elle a été dirigée par la 3e République, non compatible, dira l'invité français avec les lois de la démocratie républicaine.» Cependant, il avouera ne pas être inquiet de l'évolution de ces lois au niveau des universités.