L'appui annoncé n'est pas lié à des conditions sur les droits de l'homme. L'Afrique réglera elle-même ses problèmes. La chine promet 10 milliards de dollars de prêts aux pays africains. C'est par cette déclaration tonitruante que le Premier ministre chinois, Wen Jiabao, a ouvert hier le Forum Chine-Afrique de Charm El-Cheikh en Egypte. «Nous allons aider l'Afrique à développer ses capacités financières. Nous allons fournir dix milliards de dollars à l'Afrique en prêts bonifiés», a-t-il déclaré dans son discours. Il n'a pas omis de s'engager à annuler les dettes de certains pays africains. Cette précaution n'est pas fortuite car la Chine ne veut pas être accusée de causer, à nouveau, un endettement lourd des pays africains. Cette tare a longtemps été celle de l'Occident. Abdelaziz Belkhadem, représentant personnel du président de la République prend part à cette rencontre à côté d'une cinquantaine de chefs d'Etat et de gouvernement. L'Algérie est très intéressée par un approfondissement de ses relations avec ce pays, car cela rentre dans le cadre de sa stratégie de diversification de ses partenaires. De son côté, la Chine est attirée par les richesses naturelles du continent, dont les hydrocarbures. Les investisseurs sont même intéressés par la location de terrains agricoles pour exporter les récoltes vers la Chine. Tout cela est accompagné de gestes qui ne sont pas pour déplaire à certains pays africains, surtout lorsqu'il s'agit d'annonce d'engagement en faveur d'annulation des dettes. La Chine s'était également engagée à apporter 5 milliards de dollars d'assistance financière à l'Afrique lors de la précédente édition de ce Sommet en 2006 à Pékin, et avait conclu des accords de réduction ou d'annulation de dette avec 31 pays de ce continent. La Chine est aussi prête à approfondir sa coopération concrète avec l'Afrique, selon la déclaration de M.Wen. Il ajoute que Pékin était aussi prêt à jouer un rôle dans le règlement des questions relatives à la paix et à la sécurité. Ce n'est pas inutile lorsqu'on sait le poids des pays africains dans certaines enceintes internationales comme dans l'Assemblée générale de l'ONU. Un appui de ces pays à la Chine n'est pas négligeable pour contrebalancer l'hostilité des pays des autres continents. Après l'économie et la diplomatie, c'est l'environnement qui est l'un des axes de coopération identifiés. La Chine montera des projets environnementaux en Afrique, dont 100 d'entre eux sont liés aux énergies propres. D'ores et déjà, les statistiques officielles chinoises font état d'investissements directs importants sur le continent africain. Ils sont passés de 491 millions de dollars en 2003 à 7,8 milliards à la fin de 2008. Les échanges commerciaux entre la Chine et l'Afrique ont, quant à eux, décuplé depuis le début de la décennie pour atteindre 106,8 milliards de dollars en 2008. Les participants au forum ont examiné la mise en oeuvre des plans et conventions signés par les deux parties lors du Sommet de Pékin en 2006, outre l'élaboration des plans futurs en vue de soutenir les nouvelles relations de partenariat entre la Chine et l'Afrique. Il s'agit également de la mise en place d'un plan d'action pour les trois années à venir. La 5e réunion ministérielle se tiendra à Pékin en 2012. Dans le continent, le Burkina préfère toujours Taïwan à la Chine. Le Premier ministre chinois, Wen Jiabao, ne verra aucun officiel du pays présents au forum. Ouagadougou reste fidèle à Taïwan depuis 1994. Le Burkina, la Gambie, le Swaziland et Sao Tome et Principe entretiennent encore des relations diplomatiques avec Taïwan. La Chine adopte une stratégie de non-ingérence dans les pays où elle investit et son aide ne sera pas liée à des conditions politiques, a affirmé M.Wen, ajoutant que le commerce était basé sur des programmes gagnant-gagnant sans omettre de souligner que l'Afrique est capable de faire face à ses problèmes par elle-même. La Chine a évoqué les institutions internationales où elle souhaite voir le Sud mieux représenté.