L'Union africaine, réunie en Ouganda, a déclaré, samedi, que l'Afrique doit davantage se tourner vers la Chine pour se développer. Vu que les financements des pays occidentaux et de la Banque mondiale étant soumis à trop de conditions et de délais, l'Afrique doit compter davantage sur la Chine, selon l'UA. A cette occasion, le responsable des affaires économiques de l'Union africaine, M. Maxwell Mkwezalamba, a déclaré que le continent doit se débarrasser de sa dépendance envers les financements occidentaux, "nous dépendons pour le développement et l'intégration de l'Afrique du monde occidental. Nous ne pouvons plus continuer de la sorte", a-t-il affirmé. "Nous devons diversifier nos partenariats, par conséquent travailler avec la Chine est quelque chose que nous accueillons favorablement", a-t-il poursuivi. En effet, la Chine a promis l'an dernier d'injecter en Afrique dix milliards de dollars de prêts sur trois ans, et investit fortement dans le développement des infrastructures de nombreux pays du continent. Toutefois, plusieurs pays occidentaux accusent la Chine de n'avoir d'autre intérêt que l'extraction des ressources naturelles africaines pour développer son industrie et de ne guère se soucier du développement et d'être peu soucieuse des droits de l'homme. Pour autant, les ONG de défense des droits de l'homme accusent Pékin, qui a importé l'an dernier 6,3 milliards de dollars de pétrole soudanais, de n'avoir pas suffisamment réagi pour s'opposer aux massacres au Darfour et a enfreint l'embargo de l'ONU sur les armes en vigueur dans cette région. Ainsi, la Chine rejette ces accusations et a chargé un émissaire d'oeuvrer au processus de paix au Darfour. Dans ce contexte, le ministère chinois des Affaires étrangères a considéré que les reproches formulés contre Pékin venaient de personnes "dans l'erreur et partisanes". D'après Mkwezalamba, les conditions auxquelles sont soumis les prêts des partenaires traditionnels de l'Afrique, à l'instar de la Banque mondiale, poussent le continent à opter pour la Chine. "En obtenant le soutien de la Chine, entre autres, nous renforçons notre position de négociation avec la Banque mondiale, qui tend à imposer des conditions très lourdes. Les ressources n'arrivent que très lentement", a-t-il indiqué. "Ils vous disent que vous allez recevoir aujourd'hui 100 millions de dollars, mais vous ne les recevez qu'après deux ans, parce qu'il faut beaucoup de temps pour valider le prêt" a-t-il poursuivi. Il est à signaler que ces dernières années, les rapports entre Afrique-Chine-BAD se sont affermis. Selon les statistiques officielles chinoises, en dix ans, les échanges sino-africains ont décuplé. Ils dépassent aujourd'hui les 110 milliards de dollars. Les investissements chinois en Afrique s'élèvent à 7,8 milliards de dollars, quelque 1.600 entreprises chinoises étant présentes sur le continent africain. La 4e conférence ministérielle du Forum sur la coopération sino-africaine (Focac) s'est tenue en novembre dernier à Charm el-Cheikh en Egypte, où les deux parties ont fait le bilan de la mise en oeuvre des engagements pris par la Chine en 2006 concernant son aide aux pays africains entre 2007-2009, et adopté le plan d'action sur la coopération sino-africaine pour les trois ans à venir. Devant 18 chefs d'Etat et des dizaines de ministres de pays africains, le Premier ministre chinois, Wen Jiabao, a annoncé huit nouvelles mesures visant à mener à bien la coopération sino-africaine. Ces mesures consistent à réaliser, en Afrique, 100 projets écologiques et 100 projets de recherche technologique et scientifique, à fournir 10 milliards de dollars de crédits préférentiels afin de renforcer la capacité du financement des pays africains, à créer un fonds d'un milliard de dollars en faveur des PME, à continuer à annuler des dettes en faveur des pays africains les plus endettés et les moins développés, ainsi qu'à offrir le tarif douanier zéro à 95% des produits des pays africains les moins avancés. La Chine promet aussi de mettre en place 20 centres de démonstration de technologies agricoles en Afrique, envoyer 50 équipes de techniciens agricoles, former 2.000 agronomes africains, fournir des équipements et d'autres matériels médicaux d'une valeur de plus de 700 millions de dollars, former 3 000 médecins et infirmiers africains, construire 50 écoles d'amitié sino-africaine et fournir 5.500 bourses aux étudiants africains. La Chine est devenue membre de la BAD et du Fonds africain de développement (FAD) en 1985 et fournit des soutiens aux activités institutionnelles, projets, programmes et assistance technique de la BAD en Afrique. Le pays s'est joint à l'initiative multilatérale pour l'allègement de la dette (MDRI) en 2006. Au 31 décembre 2009, la contribution totale de la Chine au MDRI s'est élevée à 3,54 millions d'unités de compte (1 unité de compte=10,70 yuan RMB). En mai 2007, la Chine a organisé la 42e assemblée annuelle du conseil des gouverneurs de la BAD et la 33e assemblée annuelle du conseil des gouverneurs du FAD à Shanghai.