La Chine renforce sa présence en Afrique. L'empire du Milieu affine sa stratégie pour accentuer sa mainmise sur un continent riche en matières premières qui ont toujours attisé les convoitises. Brandissant un bilan remarquable de neuf ans d'existence du Forum sur la coopération sino-africaine, dont la 4e conférence ministérielle s'est ouverte hier et se poursuit aujourd'hui, la Chine multiplie les gages de bonne volonté à l'intention de l'Afrique. Le dragon asiatique a annoncé qu'il allait accorder 10 milliards de dollars de prêts bonifiés aux pays d'Afrique. Les statistiques distillées par les responsables chinois visent à démontrer qu'il existe entre les deux parties un partenariat gagnant-gagnant. Les échanges commerciaux entre la Chine et l'Afrique sont passés de 10 milliards de dollars en 2000 à 107 milliards de dollars en 2008, soit une croissance annuelle de 33,5%. La Chine assure qu'elle ne considère pas l'Afrique comme un simple réceptacle pour ses produits en ouvrant son marché aux produits africains, dont certains sont assortis d'un tarif douanier zéro. Depuis la mise en place de ce système, la Chine aurait importé des produits de 478 catégories en provenance de 31 pays pour un montant de 890 millions de dollars. Le Premier ministre chinois, Wen Jiabao a annoncé que Pékin exempterait de droits de douane 95% des produits « des pays africains les moins développés ayant des relations diplomatiques avec la Chine, en commençant avec 60% des produits dès 2010 ». En outre, la Chine « appuiera les institutions financières chinoises pour la mise en place d'un prêt spécial d'un milliard USD pour les petites et moyennes entreprises africaines ». La Chine ne cesse d'étendre ses tentacules en Afrique où 1600 entreprises originaires de ce pays – considéré comme la troisième voire la deuxième puissance économique mondiale – sont implantées sur le continent noir. Jusqu'à fin 2008, elle a réalisé des investissements pour 26 milliards de dollars dans 49 pays africains. Mais au-delà de la coopération économique, la Chine se défend d'avoir des velléités hégémoniques sur le continent noir, qui a longtemps souffert du colonialisme dont les stigmates sont toujours palpables. Elle refuse, selon ses responsables, de monnayer son apport économique et social par des exigences liées au respect des droits de l'homme. En somme, la Chine a compris qu'il ne servait à rien de s'ériger en donneur de leçons afin de ménager les susceptibilités des dirigeants africains, à fleur de peau lorsqu'il s'agit de questions liées aux droits de l'homme ou à la démocratie. « L'aide chinoise à l'Afrique n'a pas été et ne sera pas liée à des conditions politiques », a affirmé à ce propos le Premier ministre chinois, ajoutant que « l'Afrique est capable de faire face à ses problèmes par elle-même ». Un discours qui contraste avec celui développé par les Européens, qui est souvent empreint de paternalisme. « Quels que soient les changements sur la scène internationale, notre amitié avec le peuple africain ne changera pas (...), notre politique de soutien à la croissance économique et sociale en Afrique ne changera pas », a promis M. Wen. Une cinquantaine de pays participent à la quatrième conférence ministérielle du Forum de coopération sino-africain (FCSA, Focac en anglais), destinée à développer des relations économiques en plein essor.