Son nom est devenu, au XXe siècle, un symbole en Russie et à travers le monde. Mikhaïl Kalachnikov, le père du célèbre fusil d'assaut AK-47, s'est dit heureux mardi 11 novembre, à l'occasion de son 90e anniversaire, de pouvoir encore travailler, aller à la chasse et à la pêche. «J'ai servi et je vais continuer de servir ma patrie jusqu'à la fin de mes jours», a déclaré M.Kalachnikov lors d'une cérémonie au Kremlin, où il a offert son plus récent ouvrage au président Dmitri Medvedev. «L'histoire glorieuse de votre travail a fait des armes russes l'une de nos marques nationales», l'a félicité M.Medvedev, qui lui a remis la médaille de Héros de la Russie. En dépit de son âge avancé, M.Kalachnikov n'a «pas envie d'être à la retraite. Je veux travailler», a-t-il insisté, vêtu d'un uniforme militaire décoré de nombreuses médailles. «Pour moi, le travail a toujours été le meilleur remède», a confié l'inventeur de la «kalach» au quotidien Rossiïsskaïa Gazeta, précisant qu'il passait quatre jours par semaine au bureau d'études des armements à l'usine Ijmach d'Ijevsk (Oural, 1300 km à l'est de Moscou). Côté loisirs, «j'aime aller en forêt et à la pêche. Cela me donne de la force», a ajouté cet homme qui a écrit des poèmes dans sa jeunesse. Dans un télégramme, le Premier ministre Vladimir Poutine a salué «l'énorme travail, le talent et l'énergie inépuisable d'un ingénieur au génie créatif». «Votre nom, comme celui du premier cosmonaute (à avoir été dans l'espace en 1961, Ndlr), Iouri Gagarine, est devenu un symbole de notre pays au XXe siècle», a déclaré le cosmonaute russe Maxim Souraïev, dans un message vidéo enregistré depuis la Station spatiale internationale. M.Kalachnikov a commencé à mettre au point en 1947 le fusil d'assaut baptisé AK-47, alors qu'il se remettait d'une blessure reçue pendant la Seconde Guerre mondiale. L'arme a par la suite été déclinée en de multiples modèles vendus à 100 millions d'exemplaires à travers le monde, dont «la moitié, sinon plus, sont des armes de contrebande», a déploré M.Kalachnikov, lors d'une conférence fin octobre, critiquant aussi la contrefaçon. Très convoité par les guérilleros du monde entier, l'AK-47 est l'engin de mort le plus utilisé dans les zones de combat. Une situation qui ne réjouit pas son inventeur: «Ce n'est pas agréable de voir que toutes sortes de criminels tirent avec mes armes», avait-il ajouté. «J'ai créé des armes dans le but de défendre notre société», a répété mardi M.Kalachnikov, selon des images de la télévision qui l'ont montré tirant au fusil. Parmi les récompenses de l'Etat qu'il a obtenues, celle qui l'a le plus marquée est le «prix Staline» reçu pour l'AK-47, une arme facile d'utilisation, robuste et fiable, a dit M.Kalachnikov à Rossiïsskaïa Gazeta. Interrogé sur ce qu'il ferait si sa vie était à refaire, M.Kalachnikov a répondu: «Bien sûr que j'ai des regrets, comme tout le monde. Mais je peux vous dire une chose: si c'était à refaire, je ne vivrais pas autrement que maintenant.» L'homme vit depuis des années dans un modeste appartement à Ijevsk. Les millions de kalachnikovs en circulation dans le monde ne lui ont presque rien rapporté, les inventions dans le domaine militaire n'étant pas brevetées en Russie. Les concepteurs ne perçoivent pas de royalties correspondant au volume de production. A 90 ans, a-t-il dit, «j'ai toujours un rêve. Pas pour moi, mais pour mon pays. Je souhaiterais qu'il y ait une renaissance morale pour que le niveau de la culture s'améliore et que les gens deviennent meilleurs».