Khaled, le chanteur de raï a été vigoureusement critiqué dans les rues et ruelles de la ville de Yemma Gouraya et durant la marche des supporters du MOB, improvisée à la fin de la rencontre de leur équipe contre celle de Hadjout, pour fêter la victoire et par là même, dénoncer le guet-apens dont ont été victimes les Verts au Caire. Alors que la tension était à son comble, le king du raï a animé un concert enveloppé du drapeau égyptien. Une attitude que les Béjaouis ont qualifié de scandaleuse. «Par respect à ce qui s'est passé au Caire, il aurait dû annuler ou alors entamer son concert par une condamnation des actes de violence. Au lieu de cela, il chante, toute honte bue, enveloppé de l'emblème national égyptien», s'indignent les citoyens de Béjaïa. Cheb Khaled, qui n'est pas à sa première dérive, défraye, une fois de trop, la chronique en faisant danser 45.000 Egyptiens au moment où 36 millions de ses compatriotes étaient en effervescence et cherchaient sur le Net et sur d'autres chaînes satellitaires la moindre information pour les renseigner sur l'état de santé des Fennecs. En effet, alors que les relations algéro-égyptiennes ont frôlé la crise, puisque l'ambassadeur d'Egypte en Algérie a été convoqué au ministère des Affaires étrangères, Khaled s'est comporté comme si de rien n'était. Quand bien même l'initiative était des plus louables pour apaiser les tensions et dépassionner les débats entourant ce match, le timing choisi par le king pour jouer au Messie était malvenu. Il n'a pas été demandé à cheb Khaled de venger le sang des Algériens, loin s'en faut, mais un geste, une parole de condamnation aurait suffi. Il a fait exactement le contraire de ce qu'attendaient de lui ses milliers de fans algériens. Pis encore, ils les a provoqués. Mais Khaled n'est pas à sa première dérive. Après avoir chanté la marocanité du Sahara occidental drapé de l'emblème marocain, voilà qu'il récidive au Caire dans ses dérives en porte-à-faux avec l'opinion nationale et la position officielle de l'Etat algérien. «En acceptant de chanter devant 45.000 spectateurs, ou plutôt supporters égyptiens sans brandir le moindre drapeau algérien, Khaled a commis une dérive de plus. Il aurait au moins fait un geste à l'endroit de ses compatriotes! Hélas non! Il monte sur scène avec le drapeau égyptien sans que son complice de la soirée, le chanteur Mohamed Mounir, ne fasse de même», nous déclarent les inconditionnels supporters des Verts à Béjaïa avant d'ajouter: «Comment ne pas condamner cette démarche?» Même si l'art n'a pas de couleur, ni de drapeau, ni même de frontière, il a toujours contribué à la défense des causes justes. Faudrait-il lui rappeler les John Lennon, Pink Floyd, Bob Dylan, Jaan Baez, Dir Street qui ont pris des positions politiques nobles en défendant des causes justes à l'échelle planétaire? Qu'aurait attendu Nelson Mandela de l'apartheid ou de l'émancipation des femmes et de l'abolition du racisme sans la contribution de ces valeureux artistes? Mais c'est trop demander à un cheb Khaled dont le seul fait d'armes intellectuel se résume à la célèbre phrase débitée sur un plateau de télévision française: «Comme il a dit lui.»