Même si la réaction de nos officiels ne sera pas à la hauteur de ces événements, les Algériens, eux, n'oublieront jamais les épisodes tragiques du Caire. La communauté algérienne établie au Canada ne s'est pas encore relevée de ce qui est arrivé à l'Equipe nationale et à ses supporters au Caire. Ils dénoncent particulièrement la mollesse avec laquelle les autorités ont traité cet événement. «La rencontre du Caire a complètement mis à nu la faiblesse et l'indécision de nos responsables politiques face à ce que l'on peut qualifier sans exagération aucune, la barbarie du Caire» s'insurge un groupe d'Algériens à Montréal. Pour ces Algériens, il s'agit d'une première dans l'histoire du football moderne qui ne doit pas passer sous silence. Jamais auparavant une sélection de football n'a été brutalisée de la sorte comme en témoigne cette série d'événements orchestrés par la haine d'un pays supposé être ami et frère. Ce ne sont pas les preuves attestant ces faits qui manquent. On voit très bien des images sur le Net montrant une sélection nationale caillassée dès sa sortie de l'aéroport, des journalistes sauvagement agressés, des supporters brutalisés avec acharnement sans aucune intervention policière à la fin de la rencontre de samedi, et maintenant on parle de morts parmi les nôtres. «Quelle honte pour nos dirigeants autistes qui se contentaient de faire des déclarations décalées de la réalité. Ce qu'ont subi nos compatriotes au Caire, c'est beaucoup plus grave que la haine que vouent les Israéliens pour les Arabes». Ce sont les mots qui se répètent dans la bouche des Algériens établis au Canada, notamment à Montréal. Comment peut-on, au nom d'une diplomatie de façade et infructueuse, cacher des truismes à nos concitoyens? Comment peut-on jouer sur la sémantique et dire que ce n'était que de petits incidents? Comment peut-on accepter de se faire traiter de la sorte alors qu'il y a une mère aujourd'hui, chez elle, secouée par la tragédie à qui on vient d'apprendre la mort de son fils? Comment peut-on tolérer l'intolérance au nom de cette fallacieuse fraternité arabo-arabe? On ne peut pas se taire et ignorer la parole du peuple. Arrêtons de faire cette politique dévalorisante pour notre pays. Il est temps d'écouter la voix du peuple et de répondre à ses aspirations. Certes, le Mondial sud-africain de 2010 n'est pas une réponse en soi pour la multitude de problèmes dans laquelle pataugent les Algériens, mais c'est un rêve que nous partageons tous car il redonne de l'espoir à toute une nation au moment où le pays navigue vers l'inconnu. «Pour se faire respecter à l'extérieur de chez nous, nos dirigeants doivent respecter ces milliers de jeunes Algériens qui défilent dans les rues de nos villes depuis des semaines déjà, par patriotisme et par amour pour leur pays», s'indigne-t-on encore. Le message envoyé par nos chers «amis» égyptiens est clair, ils ont la haine de l'Algérien et un mépris pour notre histoire collective. Alors, basta les largesses au nom de la fraternité arabe! Même si la réaction de nos officiels ne sera pas à la hauteur de ces événements impardonnables, les Algériens, eux, n'oublieront jamais les événements tragiques du Caire, d'une seule voix, ils diront tous: «Nous nous en souviendrons!»