De retour jeudi dernier du Soudan, les Verts, comme des héros, ont été accueillis avec des fleurs. «Je n'ai jamais aimé le gouvernement algérien comme cette fois-ci», affirme Ferradi Amine, les yeux brillants et la voix presque éteinte. Croisé à son arrivée du Soudan, jeudi dernier au niveau du terminal 3 de l'aéroport Houari-Boumediènne, cet amoureux du foot et des Verts dit qu'il a vécu des moments de forte émotion. Le geste fait à l'adresse des supporters des Verts l'a très marqué. «Le président de la République a fait un geste de bravoure»,a-t-il reconnu, en créant une ambiance de fête. «Tahia Bouteflika», «Vive l'Algérie», scandait-il avec un groupe d'amis. Venu de Londres spécialement pour supporter l'Equipe nationale, Amine n'en revient pas de ce qu'il a vu et vécu. «Cela fait 17 ans que je vis à Londres, mais après ce que j'ai vu, mon amour pour l'Algérie a grandi et je compte rentrer chez moi pour travailler ici», martèle-t-il avant de lâcher: «Le sang algérien bouillonne dans mes veines.» «Mon avenir est ici dans mon pays entre ma famille et mes amis», ajoute ce supporter ivre de joie. Ils étaient nombreux à faire le déplacement au Soudan pour supporter l'Equipe nationale. «Nous sommes partis sans rien, ni habit, ni nourriture, ni argent», affirme Réda qui parlait à partir d'un bus de l'Etusa le transportant vers son quartier à Baraki. «Hamdoulah (Dieu merci Ndlr), on a été bien accueillis par nos autorités et les Soudanais sont un peuple généreux», remercie-t-il avec chaleur en embrassant le drapeau national. Amine a failli rater le match en arrivant à Khartoum deux heures avant le coup d'envoi de la rencontre. Acharnés par l'agression des Egyptiens, Reda et ses amis affirment: «Nous avons donné une bonne leçon aux Pharaons en leur montrant que nous sommes un peuple civilisé et éduqué.» Brandissant le drapeau, ce groupe scandait avec fierté: «One, two, three, viva l'Algérie.» Il était exactement 10h30, le parking du Terminal grouillait de monde. L'arrivée des supporters se fait entendre de loin. «Trois vols sont déjà arrivés depuis 5 heures du matin et deux autres viennent d'atterrir», nous informe un agent de sécurité sur place. En s'approchant de l'entrée, nous avons aperçu le patron de la compagnie Air Algérie, Abdelwahid Bouabdellah, accompagné de deux assistants. Accroché à son téléphone portable, le P-DG est venu s'enquérir du déplacement des supporters. «L'avion a déjà démarré du Soudan ou pas encore?», demande-t-il à son interlocuteur avec un air détendu. «Jusqu'à présent tout se passe bien pour transporter nos supporters du Soudan», estime-t-il en gardant l'oeil sur son portable. «Nous avons fait tout le nécessaire pour rapatrier nos jeunes dans les prochaines 48 heures»,a-t-il assuré. Le P-DG, qui a exprimé sa satisfaction après le triomphe des Verts, pense qu'il faut capitaliser cette jeunesse qui a fait preuve d'une grande sagesse. L'arrivée des supporters a éclipsé le départ des hadjis qui marquait l'actualité auparavant. «Rana rayhine el Mondial, (On partira au Mondial Ndlr)», «Vive Les Verts. one, tow, three, vive l'Algérie», «Allah Akbar Shehata est mort», «les Algériens forts», des slogans et des youyous fusaient de partout. Le fait le plus marquant c'est l'image de ces jeunes qui s'embrassaient et se serraient pour fêter la victoire, et l'accueil chaleureux des agents d'Air Algérie qui leur ont offert des fleurs. Pas seulement, même la Protection civile et l'Etusa. Pour mieux faciliter la tâche aux supporters, ces trois institutions ont pris en charge toutes les procédures: le transport, la nourriture et même des soins ont été assurés aux supporters qui revenaient du Soudan. La Protection civile leur a assuré des sacs contenant des repas. «C'est notre remerciement pour leur soutien à l'Equipe nationale, car ils ont été courageux», souligne un agent de la Protection civile. Quant à l'Etusa, elle a réquisitionné tous ses bus pour transporter les supporters chez eux. «Nous sommes un peuple génial et surtout généreux», avoue un supporter béjaoui visiblement très touché par l'accueil du personnel et des agents. Malgré la fatigue et le long trajet, les fans des Verts étaient infatigables. «Je n'ai rien mangé depuis deux jours et je n'ai pas fermé l'oeil depuis trois jours, mais je suis en forme, l'essentiel, nous avons battu les Pharaons», raconte Hamid de Blida. Ce commerçant a fait le déplacement au Caire puis au Soudan. «Ce qui nous a incités à partir au Soudan, c'est la promesse des joueurs qui sont revenus au stade après la fin du match pour nous donner rendez-vous ici», révèlent Hamid et ses copains. L'élément féminin était également présent. Saïda, habitant le quartier d'Hussein Dey, était parmi le staff. «C'était magnifique d'assister à la victoire des Verts au Soudan», commente cette jeune fille en tenue de l'Equipe nationale. Accompagnée par son frère et son oncle, Saïda avoue qu'elle se souviendra de ce moment toute sa vie. «Je n'ai jamais vu les Algériens aussi heureux et joyeux mais surtout solidaires», affirme-t-elle rayonnante.