La Fédération irlandaise de football (FAI), malgré le refus de la Fifa, a pressé la France, vendredi, d'accepter de rejouer le match litigieux de mercredi, s'appuyant sur des déclarations du capitaine français Thierry Henry qui estime qu'il serait «plus équitable» de rejouer. Bien que la Fifa ait confirmé l'impossibilité de rejouer le match, la FAI a appelé «la Fédération française de football (FFF) à se joindre à elle ainsi qu'aux capitaines des équipes française et irlandaise, Thierry Henry et Robbie Keane, pour demander (...) un nouveau match qui préserverait l'intégrité du jeu de par le monde et la fierté de l'équipe nationale française». Les Irlandais se sont sentis encouragés dans leur démarche par l'attitude de Thierry Henry, auteur de la main qui a permis d'amener le but égalisateur des Bleus. «La solution la plus équitable serait bien sûr de rejouer le match, mais ce n'est pas de mon ressort», a déclaré le Français dans un communiqué rédigé en anglais. «Je suis naturellement gêné de la manière dont nous avons gagné et je suis extrêmement désolé pour les Irlandais qui méritent vraiment d'être en Afrique du Sud», a ajouté le joueur. Mais la FFF, à l'heure même où les Irlandais lui demandaient son appui, publiait un communiqué censé mettre fin à la polémique: «Cette décision de la Fifa (d'entériner le résultat du match) fait autorité et s'impose aux deux Fédérations», indiquaient les Français. La Fifa s'appuie sur les lois du jeu. «Les décisions de l'arbitre sur des faits en relation avec le jeu sont sans appel, y compris la validation d'un but et le résultat du match», peut-on lire dans le chapitre 5 de la Loi du jeu. «L'arbitre ne peut revenir sur une décision que s'il réalise que celle-ci n'est pas la bonne ou, à sa discrétion, après avoir consulté un arbitre assistant ou le quatrième officiel, le tout sous réserve que le jeu n'ait pas repris ou que le match ne soit pas terminé», peut-on également lire. Or France-Eire, mercredi, est allé à son terme, au bout de la prolongation. Dans ce cas, le match ne peut pas être rejoué et le score ne peut pas être changé. Les résultats sont donc entérinés: succès français 1 à 0 à l'aller, samedi, 1-1 au retour au Stade de France mercredi après prolongation, les Bleus étant donc qualifiés pour le Mondial-2010 et l'Eire éliminée. La position de Henry est aussi sans surprise. Son geste, coupable mais réalisé dans l'instant, est celui de tout joueur. Comme le dit Jean-Pierre Escalettes, président de la FFF: «Il faut n'avoir jamais joué au foot pour ne pas savoir que ces choses arrivent». Le soir même, après le match, Henry déclarait devant la presse: «Oui, il y a main, mais je ne suis pas l'arbitre. "Toto" (Squillaci) va à la lutte de la tête, je suis derrière deux Irlandais, la balle rebondit et elle tape ma main». «Je l'ai déjà dit et je le répète: oui, j'ai touché le ballon de la main. Je ne suis pas un tricheur et je ne l'ai jamais été», se défend Henry, qui affirme que son geste «est une réaction instinctive sur une balle qui venait extrêmement vite dans une surface bondée». Implicitement, la Fifa et Henry s'en remettent à l'arbitrage: une fois que le directeur de jeu a entériné les résultats, ils sont gravés dans le marbre. Cela relance évidemment le débat sur l'aide à apporter à l'arbitrage (moyens vidéo ou arbitres supplémentaires sur le terrain). Giovanni Trapattoni, sélectionneur italien de l'Eire, n'en veut pas à Henry, mais surtout à la Fifa. «Je ne sais pas ce que j'ai fait à Sepp Blatter (président de la Fifa)», dit ainsi le technicien italien, qui accuse la Fédération internationale de ne pas vouloir moderniser l'arbitrage: «C'est un meurtre».