La fête footballistique a touché également cette ville à forte concentration maghrébine alors que Merzak Allouache sort perdant de la compétition et Khaled Benaïssa avec Sektou, gagne son ticket d'entrée sur les chaînes Ciné-cinéma. Le 29e Festival international du film d'Amiens qui s'est tenu du 13 au 22 novembre 2009 a rassemblé cette année plus de trois cent soixante-dix films de courts et longs métrages, fictions et documentaires, lesquels ont été présentés à plus de 66.000 spectateurs à Amiens et en Picardie. Merzak Allouache et son film Harragas sort bredouille de la compétition. Son film n'était tout simplement pas à la hauteur comparé aux autres films proposés. Le jury international était composé du réalisateur algérien Mahmoud Zemmouri en qualité de président, de Sophie Goupil (productrice, France), de Tella Kpomahou (actrice, Bénin), Paul Leduc (réalisateur, Mexique) et de Michel Demopoulos (critique de cinéma, Grèce). La victoire des Fennecs a également régné à Amiens perturbant quleque peu le festival. Le président du jury et autres comédiens ou journalistes algériens ont dû déserter les salles obscures pour regarder dans un café, le match Algérie/Egypte, honneur du pays oblige! Le festival a tenu à saluer quatre réalisateurs exceptionnels en leur attribuant chacun un prix Licorne d'or pour l'ensemble de leur carrière. On cite Türkan Soray (actrice, réalisatrice - Turquie), le superbe réalisateur et scénariste brésilien, Guillermo Arriaga, dont nous avons assisté à sa conférence sur l'écriture de scenario (nous y reviendrons). Aussi, un Licorne d'or décerné à Jeon Soo-il (réalisateur - Corée du Sud) pour l'ensemble de sa carrière et un autre prix Licorne d'or pour l'ensemble de sa carrière à Flora Gomes (réalisateur - Guinée-Bissau). Le Grand Prix du long métrage (Licorne d'Or) est revenu à Shirley Adams de Oliver Hermanus (Afrique du Sud, 2009). Le Prix est doté d'une aide à la distribution (en France) de 7 500 euros, d'une campagne promotionnelle d'une valeur de 25.000 euros sur les chaînes Ciné-cinéma et d'une aide au sous-titrage d'une valeur de 2500 euros offerte par Titra Films. Puissant, le film raconte la vraie face de la guerre des gangs en Afrique du Sud. Le Prix Spécial du jury pour le long métrage est revenu à Barking Water de Sterlin Harjo (Etats-Unis, 2009). Le Prix de la Ville d'Amiens a été décerné quant à lui à Frères de Igaal Niddam (Suisse). Un Prix doté d'un montant de 5000 euros par la Ville d'Amiens. Le Prix d'interprétation féminine est revenu ex aequo à Teresa Ruiz et Cassandra Ciangherotti pour le film Aller-retour (Viaje redondo) de Gerardo Tort (Mexique, 2009). Le film, un raod move, décrit le voyage de deux adolescentes vers le nord du Mexique. L'une veut retrouver son fiancé au Texas, l'autre fuit ses parents. Le Prix d'interprétation masculine a été attribué à Nader Boussandel pour le film Les Barons de Nabil Ben Yadir (Belgique/France, 2009). Côté court métrage, le Grand Prix ou Licorne d'Or est revenu à Waramutseho de Auguste Bernard Kouemo Yanghu (Cameroun/France/Belgique, 2009), Etalon d'Argent au dernier Fespaco et que les Algériens ont dû voir l'an dernier lors des Premières Journées cinématographiques de Blida. S'agissant des Prix du public, celui du long métrage est revenu à Les Barons de Nabil Ben Yadir (Belgique/France, 2009), tandis que celui du court métrage a été décerné à La marche des crabes de Hafid Aboulahyane (France, 2009). Côté prix Cinécourts Sektou (Ils se sont tus!) de Khaled Benaïssa (Algérie) a bénéficié d'un Prix doté d'un achat du film pour diffusion sur les chaînes Ciné-cinéma. Le Prix Fémis, décerné par des élèves actuels et anciens de La Fémis (compétition Jeunes auteurs en Europe) est revenu à L'Arbitre de Paolo Zucca (Italie, 2008), Mention spéciale à Kasia de Elisabet Lladó (Belgique, 2008). Une Mention d'honneur à la série Vivre ensemble produit par les Poissons Volants. 10 cinéastes de tous horizons se sont liés pour une seule cause en réalisant des petits films contre le racisme: Sandrine Bonnaire, Kamel Ouali, Rachid Bouchareb...Chaque jour, deux de ces courts ouvraient les projections. Un vrai régal et d'une profonde originalité. Le 14e Fonds d'aide au développement du scénario octroyant 4 bourses de 10.000 euros chacune ont été accordées aux réalisateurs des projets suivants: L'Ardeur de Pablo Fendrik (Argentine), Lucia de Ruben Sierra Salles (Vénézuela) - Bourse attribuée par le Cnac (Centre du Cinéma vénézuelien), Mer morte de Ihab Jadallah (Territoires palestiniens), Les enfants d'Inkisi de Gilbert-Ndunga Nsangata (Congo) - Bourse attribuée par l'Organi-sation internationale de la Francophonie, et enfin une bourse de 7600 euros au projet français: Dehors, Dedans au Français d'origine marocaine Nourdine Halli (France). Et rien donc pour l'Algérie représentée par le projet de scenario Bahara de Yanis Koussim, lequel était accompagné de son producteur Malek Abdenour. Yanis Koussim s'est en tout cas bien défendu devant la commission de lecture, à laquelle nous avons assisté à l'hôtel de ville d'Amiens. Cela consistait à dire l'état d'avancement de la production et préciser ou justifier telle ou telle séquence devant un riche parterre de spécialistes, présidé par le directeur du Centre de la cinématographie marocaine Nour Eddine Sael, autrement «vendre» son film pour convaincre de la bonne faisabilité et réalisation du scénario. En résumé, devenue veuve d'un pêcheur, Fatma, le personnage principal du film reprend le métier de son époux disparu en mer. Pour cela, elle est contrainte de se séparer de sa fille Karima alors âgée de 5 ans et dont la garde est confiée à sa belle-famille. Bahara raconte ainsi l'histoire de Fatma l'indépendante et de Karima la soumise, pouvons-nous lire dans le synopsis. Une mère et sa fille, qui n'ont pas reçu les mêmes valeurs. Deux générations de femmes qui se côtoient sans se connaître. Une belle histoire qui sera tournée en grande partie à Cherchell. Croisé à Amiens aussi, Djebbour Abdelmajid, lauréat au concours du meilleur scénario au dernier Festival du film amazigh, a bénéficié de ce voyage au Festival du film d'Amiens grâce à l'ambassade de France. Devait être présent avec lui, et absent donc, faute de visa, Aït Saïd Lahcene. «Je suis le pur produit du Festival du film amazigh. Un scénario primé doit être présenté à l'écran. Nous avons besoin de soutien», nous avouera ce cinéaste, dentiste, ayant déjà à son actif un court métrage documentaire, Les tapis de Beni Snous.