Le Code du travail doit s'enrichir de nouveaux textes pour lutter contre le harcèlement moral. C'est ce qu'a indiqué, hier, Phillipe Ravisy, expert européen en droit du travail et droit social. Animant une conférence-débat sur le harcèlement moral en milieu professionnel, il a expliqué qu'il est «impératif de légiférer contre ce phénomène portant atteinte à la dignité humaine». Cela avant d'évoquer l'expérience européenne, notamment française en la matière. Il a alors mis en exergue la prise de conscience de ce phénomène par les pouvoirs publics, à travers la loi de modernisation sociale et un avis du Conseil national économique et social. M.Ravisy qui intervenait au Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Crasc) d'Oran, a souligné que l'accueil de ces dispositions relatives au harcèlement moral au sein des entreprises, des administrations et des juridictions, était mitigé. «Il y a des textes qui permettent d'appréhender ce type d'agissement et il y a des arguments en faveur du statu quo», a-t-il expliqué, rappelant l'émergence du harcèlement moral en Europe avant que les textes de loi ne soient votés. Cela se traduisait, notamment par des cas d'abus de pouvoir à partir de postes de responsabilité au sein d'entreprises.S'agissant de la situation qui prévaut actuellement, l'expert a expliqué que «malgré l'existence de la loi du 17 janvier 2002, nous avons constaté des agissements répétés, qui ont pour effet une dégradation dans le milieu du travail». «Ils ne sont pas nécessairement intentionnels. Nous espérons, à travers la nouvelle loi du 10 novembre 2009, que les droits ne soient pas bafoués», a-t-il dit. Abondant dans le même sens, Hachelafi Hamid, a souligné, de son côté, que cette conférence vise un apport en matière de réglementation pour une réhabilitation psychologique des victimes. Elle a également pour objectif de dénoncer les comportements touchant à la dignité humaine. «Les dispositions juridiques contre le phénomène de harcèlement moral au travail méritent d'être actualisées», a fait observer cet enseignant en médecine du travail à Oran. Et d'ajouter, que «la préservation de la dignité du travailleur et la responsabilité de l'employeur demeurent insuffisantes». Les débats se sont poursuivis avec les interventions de plusieurs enseignants universitaires et chercheurs en sociologie, anthropologie, médecine du travail, psychologie, droit, qui ont pris, tour à tour, la parole, proposant à l'unanimité une codification de la prise en charge des victimes du harcèlement en milieu professionnel.