Le club-phare du Djurdjura sortira-t-il indemne de cette énième guerre qui n'a rien à voir avec le sport? Il ne manquait que ça à la wilaya de Tizi-Ouzou. Alors que deux clans se tiraillent et se disputent la mainmise sur ses instances dirigeantes, la JSK, club phare de la Kabylie, trinque. La bataille fait rage pour l'appropriation du comité de supporters de ce club qui a toujours dignement représenté le football algérien. D'un côté, Slimane Kerrouche, qui a brusquement fait irruption dans l'actualité sportive, annonçait, au début du mois de novembre, la création d'un comité des supporters dont il s'est intronisé président. D'un autre, l'actuel boss, Moh Cherif Hannachi, refuse d'entendre parler de cette structure qu'il qualifie d'illégitime. A couteaux tirés, les deux parties ne semblent pas prêtes à faire la paix. C'est le langage belliciste qui règne si bien que «le combat» s'étend vers d'autres fronts comme la gestion, l'histoire et la paternité des uns et des autres sur le club. Mais, entre-temps, la JSK joue sans entraîneur et s'éternise au milieu du tableau, la stade du 1er-Novembre est déserté par les supporters et la morosité règne dans le milieu sportif à Tizi Ouzou. D'aucuns estiment que ce milieu est «pourri». C'est, en tout cas, la phrase qui se répète chez plusieurs citoyens qui constatent impuissants la décente aux enfers du sport roi à Tizi Ouzou en raison du «comportement indigne de certains». Aucune lueur d'espoir à l'horizon. En attendant une assemblée générale extraordinaire annoncée pour la semaine prochaine, les deux parties belligérantes se rejettent les accusations de tous genres. Slimane Kerrouche, qui selon certaines indiscrétions, qualifiait, il n'y a pas longtemps, Hannachi de meilleur ami, sort de sa réserve et accuse ce dernier de détournement d'argent de la JSK à son profit. Dans une conférence de presse tenue la semaine dernière, il défiait le boss kabyle de venir rendre des comptes sur sa gestion. Le même orateur imputera la responsabilité de la situation actuelle du club kabyle à Hannachi. Devant une assistance constituée essentiellement de journalistes, le président du comité de supporters annoncera l'imminence de poursuites judiciaires à l'encontre du président de la JSK. La réponse ne tardera pas à venir de l'instance dirigeante du côté du 1er-Novembre. Dans une conférence de presse organisée la veille de l'Aïd, Hannachi réaffirmait son refus de reconnaître le nouveau comité de supporters constitué en dehors de l'assemblée générale du club. Au sujet de sa gestion, le boss kabyle assurait qu'il n'a jamais utilisé à des fins personnelles l'argent de la JSK. Pour lui, les accusations des Kerrouche n'ont aucun fondement et que toutes ses sorties sont destinées à mettre le pied à l'intérieur du club. A ce propos, Hannachi était intransigeant. «Kerrouche ne mettra jamais les pieds à la JSK tant que je suis président», affirmait-il. Au milieu de ce brouhaha, le club patine et trouve des difficultés à remonter au classement. Le départ de l'entraîneur français, Jean-Christian Lang, est aussi à inscrire au registre négatif du club kabyle qui a consommé plus d'une quarantaine de drivers en l'espace d'une décennie. Les conditions dans lesquelles s'est effectué son limogeage ont été unanimement condamnées. Jusqu'à présent, la fonction est assurée et souvent colmatée par des anciens joueurs. Pour revenir au point d'achoppement du conflit qui risque de nuire aux club du Djurdjura, il est à mentionner qu'il va de l'image du club de trouver au plus vite une solution à la composante du comité de supporters. Deux comités pour un seul club n'est pas une situation confortable tant pour les dirigeants que pour les supporters eux-mêmes qui ne tarderont pas à réagir en dehors des cadres. Les conséquences sont déjà visibles car les rencontres n'attirent plus que quelques milliers de supporters. Ce malaise qui couve au 1er Novembre n'est, par ailleurs, pas restreint au registre sport. Ce n'est là qu'un autre mal-être qui vient s'ajouter à la wilaya de Tizi Ouzou après l'insécurité, le chômage et l'arrêt de la machine économique locale. A méditer.