Les manifestants observent une grève de la faim de 24 heures. Mobilisation pour Aminatou Haïdar et les 7 militants sahraouis des droits de l'homme, détenus dans les geôles marocaines. A ce mot d'ordre, des manifestations ont eu lieu, hier, dans les camps de réfugiés du Sahara occidental, situés au sud-ouest de l'Algérie. Meetings, grève de la faim pendant 24 heures et marches silencieuses ont été observées dans le strict respect des consignes des représentants des autorités sahraouies. Retour sur une journée de contestation pleine d'enseignements. Nous sommes dans le camp du 27-Février, situé à 27 km à l'ouest de Tindouf. Il est 10h00 du matin. Coeur des lieux, la place de l'Emblème vibre aux slogans des manifestants. «Aminatou Haïdar est notre symbole! Libérez les détenus!», scandaient les femmes présentes en masse. Vêtues de noir, ces dernières brandissent, avec fierté, les drapeaux de la République arabe sahraouie démocratique. Signe de deuil, le noir envoie un signal fort: femmes et hommes sahraouis apportent leur soutien infaillible à Aminatou Haïdar. «Cette action est un signe de solidarité avec Aminatou Haïdar, le symbole emblématique des femmes sahraouies et de notre peuple», dira, Soualem Baïrouk, membre fondatrice du Parlement africain et représentante de la coopération et des relations extérieures à l'Union nationale des femmes sahraouies. Cette déclaration soulève un concert de youyous. Soualem est une femme aguerrie par le combat politique et l'action militante. A la prononciation du nom de Aminatou Haïdar, sa voix traduit l'émotion et sur un ton déterminé martèlera. «Aminatou a levé le voile sur les visées du colonialisme marocain et des autorités espagnoles. Lesquelles visées tendent à diluer le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination dans de fausses solutions. Le tout démontrant la collusion des deux raisons d'Etat, au détriment de la question sahraouie.» A la suite de ces propos, les présentes scandent: «Pas d'autres solutions en dehors de l'autodétermination!» Le visage enveloppé d'un l'thème noir (une sorte d'écharpe), Mohamed El Khalil Mohamed Essalem, représentant local de la communication, lance: «Aujourd'hui, démonstration est faite que le peuple sahraoui soutient Aminatou Haïdar et les sept détenus dans les prisons marocaines.» Militante des droits de l'homme, Aminatou Haïdar a été expulsée, il y a un mois, du Maroc vers les îles Canaries, espagnoles. Dans un premier temps, le gouvernement espagnol lui avait proposé l'asile politique. Devant le refus de la militante, les autorités ibériques ont opté pour la formule de «l'asile politique à titre exceptionnel». Aminatou Haïdar a rejeté d'un revers de la main toutes ces propositions. Déterminée, cette dernière a entamé une grève de la faim. «Notre militante entame son 19e jour de grève», annonce Mohamed El Khalil. Une femme se lève parmi la foule: «Aminatou est forte par ses convictions, elle est notre fierté», fulmine-t-elle. A la fin des prises de parole, les manifestantes engagent une marche silencieuse. Ainsi, les habitants des camps de réfugiés se sont mis sur la même longueur d'ondes que leurs compatriotes des territoires sahraouis occupés. Ces derniers ont prévu de s'abstenir de sortir de leurs maisons durant 5 heures. Visant à boycotter les marchés, ces actions sont prévues pour aujourd'hui ou demain. Pour rappel, pas moins de 40 militants des droits de l'homme et 15 militaires croupissent dans les prisons marocaines. En outre, 500 militaires sont toujours portés disparus. C'est dans ce contexte que se prépare le 7e congrès de l'Union de la jeunesse de Saguia El Hamra dans la wilaya d'Aouserd. Jumelé avec la 17e édition du Festival culturel sahraoui, ce congrès se tiendra les 5, 6 et 7 septembre 2010.