Présenté lundi par le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, le manifeste marque un changement et montre l'intégration du Hezbollah dans la vie politique libanaise Le nouveau manifeste du Hezbollah marque un changement de ton de la part du mouvement chiite qui veut se poser comme un véritable partenaire dans le processus politique au Liban plutôt qu'en agent iranien, estiment des analystes. Présenté lundi par le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, «Le manifeste est rassurant, il montre l'intégration du Hezbollah dans la vie politique libanaise», affirme Paul Salem, directeur du Centre Carnegie pour le Moyen-Orient. «Dans le premier manifeste, il se posait ouvertement comme partisan d'une République islamique, mais dans ce document il fait l'équilibre entre les liens du parti avec le Liban et ceux avec l'Iran», dit-il. Il s'agit du second manifeste du parti chiite depuis sa fondation en 1985. Le premier prônait la création d'un Etat islamique au Liban, mais, au fil des ans et à mesure que le parti s'imposait comme une force politique incontournable, ses dirigeants ont modéré leur rhétorique. Cheikh Nasrallah a certes souligné que le parti restait attaché idéologiquement au régime islamique iranien, mais il a aussi assuré que cela ne contredisait pas son rôle dans l'arène politique. «Le parti a opéré un changement dans la forme, mais le contenu est le même», estime Rafic Khoury, rédacteur en chef du quotidien indépendant Al-Anwar. Mais pour l'analyste Rafic Nasrallah, c'est le début d'une nouvelle ère dans l'histoire du parti. «Le Hezbollah confirme qu'il est un protagoniste majeur sur la scène locale, ce qui contredit le premier manifeste. Il ne dit pas qu'il est la seule force et parle de cohabitation entre une armée forte et une résistance populaire». Reste l'épineuse question de son armement. Figurant sur la liste des organisations terroristes aux Etats-Unis, le Hezbollah, seule formation à ne pas avoir désarmé à la fin de la guerre civile (1975-1990), refuse toujours de rendre les armes, affirmant vouloir imposer «un équilibre de la terreur» avec Israël. Il avait combattu les troupes israéliennes jusqu'à leur retrait du sud du Liban en 2000, après 22 ans d'occupation, et a affronté l'Etat hébreu en 2006 lors d'une guerre qui a détruit une grande partie du sud du Liban. Son arsenal, évalué à des dizaines de milliers de roquettes par Israël, est la pomme de discorde entre la majorité parlementaire libanaise soutenue par l'Occident et la minorité dont il est le chef de file. M.Salem souligne que, même sur un ton plus doux, le second manifeste défend le droit du parti à disposer d'armes. «Il fait référence aux armes comme étant une chose permanente, non pas pour une phase transitoire avant une éventuelle intégration dans l'armée». Selon lui, ce point ne pourra faire consensus entre les Libanais. Oussama Safa, à la tête du Centre libanais d'études politiques, estime également que si le ton du manifeste est plus «libanais», le Hezbollah est explicite sur son droit à garder son arsenal. «Ce manifeste montre clairement que la question des armes du Hezbollah n'est pas sujet à discussion». Le Hezbollah, accusé d'agir comme un Etat dans un Etat avec son arsenal, se dit lui favorable à un Liban représentant tous les Libanais. «Nous voulons un Liban uni, par sa terre, son peuple, son Etat et ses institutions», a dit Hassan Nasrallah en présentant le manifeste de 32 pages. Représenté au Parlement depuis 1992 et au gouvernement depuis 2005, le mouvement a deux ministres au sein de l'actuel gouvernement d'union nationale.