Fait sans précédent depuis la conférence fondatrice de Rio (1992), une centaine de chefs d'Etat sont attendus lors de ce rendez-vous danois. L'heure des choix et des engagements chiffrés a sonné: 192 pays se retrouvent à partir de lundi à Copenhague pour trouver un accord qui permette d'enrayer le réchauffement climatique, et de s'y adapter. Limiter à deux degrés la hausse de la température moyenne à la surface de la Terre: l'objectif, qui passe par une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre (GES), est aujourd'hui largement partagé. Mais la répartition des efforts nécessaires pour y parvenir est loin de faire l'unanimité. Fait sans précédent depuis la conférence fondatrice de Rio (1992), une centaine de chefs d'Etat sont attendus lors de ce rendez-vous danois: dès mercredi pour le président américain Barack Obama, en route pour recevoir son prix Nobel de la Paix à Oslo, les 17 et 18 décembre pour tous les autres. L'objectif de cette 15e Conférence des parties (7 au 18 décembre) sous l'égide de l'ONU est de donner une suite au protocole de Kyoto, premier traité contraignant sur le climat, dont les engagements s'achèvent fin 2012. Pour espérer rester sous la barre des deux degrés, les scientifiques rappellent inlassablement l'équation: diviser par deux, d'ici à 2050, les émissions mondiales de GES, issues pour l'essentiel de la combustion du charbon, du pétrole et du gaz. A ce jour, le compte n'y est pas. «Il y a une incohérence entre l'objectif de long terme que l'on retient et les chiffres à court terme que l'on est en train d'inscrire dans un accord international», résume Emmanuel Guérin, de l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), dont le siège est à Paris. Mis bout à bout, les engagements annoncés à ce jour par les pays industrialisés à l'horizon 2020 représentent une baisse de 12% à 16% de leurs émissions par rapport à 1990, loin de la fourchette de 25% à 40% mise en avant par les scientifiques pour se placer sur la bonne trajectoire. Les dernières semaines ont apporté quelques signaux encourageants, avec les premiers engagements chiffrés des Etats-Unis, de retour dans le jeu climatique après huit années d'inaction sous Bush, et de la Chine - les deux principaux pollueurs de la planète - puis, jeudi, de l'Inde. Mais, alors que les émissions mondiales de gaz à effet de serre n'ont jamais été aussi élevées (nouveau record en 2008), la négociation reste tendue, âpre. Les grands pays émergents, Chine et Inde en tête, expriment leur frustration, soulignant la «responsabilité historique» des pays industrialisés dans le réchauffement. Au-delà de cette arithmétique climatique, l'enjeu est de favoriser, grâce à des transferts de fonds et de technologie, l'émergence pour les pays du Sud d'un nouveau modèle de développement, moins gourmand en combustibles fossiles que celui qui fut celui des pays du Nord pendant des décennies. Un défi qui revient à «dénouer le noeud gordien climat-développement», selon les termes de Jean-Charles Hourcade, du Centre international sur l'environnement et le développement (CIRED). Faute de temps, un traité ne pourra être conclu à Copenhague: les négociateurs visent désormais un ensemble de décisions politiques, dont certaines avec application immédiate, qui donneraient lieu à un traité en 2010, au plus tard lors de la conférence de Mexico, en fin d'année. Au-delà des murs du Bella Center, où se retrouveront quotidiennement des milliers de négociateurs, observateurs et journalistes, la capitale danoise sera aussi le théâtre de nombreuses manifestations, allant des veillées aux chandelles aux appels à la «désobéissance civile». La police danoise, qui attend quelque 30.000 visiteurs au total, est sur le pied de guerre.