Synthèse de Samir Azzoug A partir d'aujourd'hui jusqu'au 18 décembre, la planète retient son souffle. Les 192 pays membres de l'ONU se concertent à Copenhague (capitale du Danemark) pour accorder leurs vièles (instrument traditionnel danois) sur une politique commune de lutte contre le réchauffement climatique. Deux semaines durant, les délégués, dont une centaine de chefs d'Etat, s'attelleront à jouer une symphonie apaisante pour calmer la colère de la nature. «Les quatre saisons» revues et corrigées. Une version remixée et corrigée du protocole de Kyoto dont les recommandations arrivent à expiration en 2012. Depuis 1979, la lutte internationale contre les changements climatiques a connu une dizaine de grands rendez-vous, dont la conférence mondiale sur le climat à Genève en 1979, la convention de Vienne sur la protection de la couche d'ozone (1985), la création du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) en 1988, la convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (Rio de Janeiro, 1992) et le protocole de Kyoto 1997. Devant la quasi-inefficacité des précédentes rencontres, que peut-on espérer du sommet de Copenhague ? Quelques «chants de sirènes» précédant l'événement peuvent donner un semblant d'espoir quant à l'importance de la conférence. Il y a d'abord, la présence du président américain, Barak Obama, qui met fin à plus de huit ans d'immobilisme imposé par son prédécesseur. Rappelons que les Etats-Unis sont le seul pays industrialisé à ne pas avoir ratifié le protocole de Kyoto. L'un des plus gros producteurs de gaz à effet de serre (GES) dans le monde n'arrive pas les mains vides. Une loi sur le climat serait entre les mains des sénateurs américains, et Obama aurait l'intention de présenter des objectifs de réduction des émissions de 17% en 2020 (par rapport à 2005, soit 4% par rapport à 1990) et 42% en 2030 (base 2005). Certains experts qualifient les décisions de «peu ambitieuses» comparativement à celles que proposent les Européens et les Japonais, mais le changement de ton américain est bon à signaler. Du côté de l'Union européenne, l'air est plus entraînant. Pour la période post-Kyoto, l'UE a annoncé ses engagements unilatéraux dès décembre 2008. Objectif : réduction des émissions de 20% d'ici à 2020 (par rapport à 1990). En cas d'accord international à Copenhague, elle pourrait relever cet objectif à 30%. La Chine, premier émetteur de GES, annonce la baisse de son «intensité carbonique» de 40 à 45% d'ici à 2020 par rapport à 2005. Les autres, grands pays émergents, en développement, pays africains et Etats insulaires haussent le ton. Ils insistent sur la responsabilité historique des pays du Nord, réclament un engagement plus fort et demandent réparation pour les dégâts occasionnés. Une étude publiée par l'ONG scientifique allemande Climate Analysis soutient que, si le sommet de Copenhague ne se conclut pas par des mesures strictes et contraignantes, la température de la planète s'oriente vers une augmentation de 3,5°C d'ici à la fin du siècle. Le prix à payer serait l'effondrement des productions céréalières, l'extinction massive d'espèces, la montée des océans et la migration forcée de centaines de millions de personnes, chassées par les inondations, les sécheresses et les pénuries. Notons que l'objectif visé pour la conférence de Copenhague est de limiter la hausse de la température à 2°C par rapport à la période préindustrielle (1850). Pour indication, la hausse de 0,8°C enregistrée en un siècle a occasionné des dégâts au Bangladesh, au Nigeria ou au Groenland. Avant la tenue du sommet, des milliers d'ONG tentent de parasiter les lieux pour inciter les participants à prendre des décisions «fortes». Le ministre suédois de l'Environnement, Andréas Calgren, déclarait dernièrement que la conférence devait se traduire par «un accord contraignant pour tous les pays». «Nous voulons réduire de 50% la déforestation en dix ans et de 100% en 20 ans, c'est un objectif très ambitieux», prône-t-il. Quelques semaine après le scandale dénommé «climat gate», qui a vu la diffusion d'une partie de la correspondance scientifique (piratée) de l'université britannique d'East Anglia, où le GIEC a été accusé d'être au service de la grande Inquisition Environnementale qui tente de dramatiser la situation climatique au service du capitalisme «pour se relancer par des taxes», écrit le journaliste britannique Delingpole James, le sommet de Copenhague tombe à pic. Au cours du siècle écoulé, la planète s'est réchauffée en moyenne de 0,8°C, la France d'environ 1°C et les régions polaires de 2 à 4°C. Dans le même temps, le niveau moyen des océans s'est élevé de 17 cm, et les événements météorologiques intenses se sont multipliés.