La junte avait assuré jeudi soir que le capitaine Dadis se portait «bien», en refusant de commenter les informations circulant à Conakry sur une blessure à la tête. Le chef de la junte en Guinée, Moussa Dadis Camara, qui a survécu jeudi à une tentative de meurtre par son aide de camp, a dû être «évacué au Maroc» hier pour y être soigné, alors que des sources officielles à Conakry répétaient qu'il allait «bien». L'incertitude était également de mise sur le sort de son aide de camp, le lieutenant Aboubacar Sidiki Diakité, dit Toumba, accusé d'avoir essayé de le tuer par balles. Mais un ministre a admis hier qu'il n'avait pas «encore été arrêté», contrairement aux premières indications officielles. Le capitaine Dadis Camara «a été évacué au Maroc», a affirmé un ministre guinéen, le commandant Kélétigui Faro. Cette information a ensuite été confirmée par le porte-parole du chef de la junte, Idrissa Chérif, interrogé par la chaîne d'information télévisée France 24. Assurant qu'il n'était parti que «pour un contrôle complémentaire», M.Chérif a même déclaré: «Le chef de l'Etat va bien, il a pris son petit déjeuner et a réuni ses différents chefs d'état-major.» La junte avait assuré jeudi soir que le capitaine Dadis se portait «bien», en refusant de commenter les informations circulant à Conakry sur une blessure à la tête. Mais une source gouvernementale sénégalaise a évoqué «une blessure assez profonde» et un militaire burkinabé a assuré que le capitaine guinéen avait «reçu des éclats de balles dans la tête». «Comme c'est un peu délicat, il n'a pas voulu d'intervention (médicale) à Conakry», a ajouté cet officier, précisant qu'il avait été acheminé au Maroc dans un avion affrété par le président burkinabé Blaise Compaoré, chargé d'une mission de médiation en Guinée. Le Sénégal avait également envoyé jeudi soir un avion à Conakry pour pouvoir transporter, si nécessaire, le chef de la junte guinéenne vers Dakar. Mais l'appareil médicalisé est finalement revenu sans lui. Quant à son agresseur présumé, Toumba, il se trouvait hier «dans un endroit sûr», selon son entourage, refusant d'en dire plus. Un peu partout, les Guinéens spéculaient hier sur l'état de santé réel du capitaine putschiste, porté au pouvoir par l'armée le 23 décembre, au lendemain de la mort du dictateur Lansana Conté (1984-2008). Cette tentative de meurtre intervient deux mois après le massacre d'opposants qui réclamaient la fin de la «dictature militaire» et exigeaient que le chef de la junte ne soit pas candidat à la prochaine présidentielle. Toumba est sur la sellette depuis cette tuerie, car il a été désigné par de nombreux témoins comme un meneur de la répression sanglante qui a fait au moins 150 morts selon l'ONU. «Tous les témoignages ont indiqué que les meurtres ont été exécutés par des membres de la garde présidentielle (...) et que l'officier commandant les bérets rouges dans le stade était le lieutenant Aboubacar Diakité, dit Toumba», avait écrit l'organisation Human Rights Watch (HRW) dans un rapport. Trois commissaires mandatés par l'ONU pour enquêter sur ce massacre étaient arrivés le 25 novembre à Conakry, et devaient normalement achever hier leur première mission sur le terrain. Un calme apparent régnait dans la capitale, mais deux importants barrages militaires étaient établis aux sorties de la presqu'île de Conakry. A Paris, le secrétaire d'Etat français à la Coopération Alain Joyandet a estimé que «l'éventuel retrait de Dadis Camara ne solutionne pas tout», sans pouvoir donner d'indications sur son état de santé. L'agression de Dadis «prouve que le climat là-bas est délétère et qu'on a besoin d'urgence d'un plan de sortie de crise qui conduise à des élections», a-t-il dit.