C'est la première fois que la fille du Che se rend dans les camps des réfugiés sahraouis, au sud de l'Algérie. Présence hautement symbolique. La fille du «Che» s'est rendue au camp 27-Février, sis à une trentaine de kilomètres à l'ouest de Tindouf. Aleida Guevara March, 49 ans et pédiatre, a été reçue, jeudi, au siège de l'Union nationale des femmes sahraouies (Unfs) par FatmaEl Mahdi, secrétaire générale de l'organisation féminine. Par sa présence, l'héritière des principes du révolutionnaire a tenu à apporter son soutien à Aminatou Haïdar, la militante sahraouie des droits de l'Homme. «Il est regrettable et tout aussi douloureux qu'une femme de la trempe de Aminatou Haïdar, pétrie de courage et de dignité, soit traitée de la sorte jusqu'à mettre sa vie en péril», a déploré Aleida Guevara. Par ces propos, cette dernière fustige les autorités marocaines et espagnoles. Les premières pour avoir expulsé Aminatou Haïdar à l'ïle de Lanzarote (archipel des Canaries) relevant de la juridiction espagnole. A ce jour, les autorités marocaines détiennent le passeport de la militante sahraouie: la «raison» Aminatou Haïdar a refusé la nationalité marocaine. Pour sa part, le gouvernement espagnol lui a proposé la nationalité espagnole «à titre exceptionnel». Cette offre venait du fait que le peuple du Sahara occidental a droit à une double nationalité: sahraouie et espagnole. Impériale, Aminatou Haïdar ne fait pas valoir ce droit. Pour la militante, son retour dans son pays est non négociable. La détermination de Aminatou Haïdar a dévoilé la supercherie politique dont elle est victime. Selon Aleida Guevara, «la combattante sahraouie est victime de l'absence d'une réponse claire et convaincante à sa requête alors qu'elle veut vivre en paix, avec dignité et souverainement dans son pays». La situation de Aminatou Haïdar traduit celle, précaire, du peuple sahraoui qui se bat pour sa survie. Sur ce plan, la fille du «Che» a avoué: «Franchement, je n'arrive pas à bien assimiler la façon avec laquelle est traitée cette question (sahraouie) au regard des aberrations qui existent.» A ce titre, Aleida Guevara a loué la position de l'Algérie vis-à-vis de la cause du Sahara occidental. «Même si je ne suis pas Algérienne, je suis fière du soutien du peuple et de l'Etat algérien au peuple sahraoui», a lancé l'oratrice. Aussi, a-t-elle indiqué que «l'Algérie a montré aux pays du monde en général et aux pays arabes en particulier, l'exemple à suivre». Encore un témoignage du rôle prépondérant tenu par l'Algérie en termes de soutien aux mouvements de libération à travers le monde. Fidèle à ses principes de lutte, la Mecque des révolutionnaires avait abrité tous ceux venus de différents pays. A l'aube de son Indépendance, l'Algérie avait reçu la visite du légendaire Ernesto Guevara dit le «Che». Le révolutionnaire avait un respect profond pour le peuple algérien, porteur d'un idéal révolutionnaire qui a inspiré tant de mouvements de décolonisation à travers la planète. Ce respect, le «Che» l'a légué à sa fille. Comme son père, Aleida Guevara est venue en Algérie ces derniers jours. Ce faisant, elle a arpenté le boulevard Che Guevara à Alger. «Pour connaître de plus près la question sahraouie», la fille s'est rendue dans les camps des réfugiés, à Tindouf. A ce titre, le constat de Aleida est sans appel: «Colonisé au même titre que les Sahraouis, le peuple marocain ne montre aucune disposition à comprendre la situation du peuple du Sahara occidental.» Aussi, l'oratrice a martelé: «Le peuple sahraoui n'abdiquera pas.» Pour rappel, Aleida Guevara March était accompagnée par l'ambassadeur de Cuba en Algérie, M.Comello Rodriguez Caballero. Ayant déjà visité les camps de réfugiés, l'ambassadeur a reconnu que «le peuple sahraoui vit dans des conditions assez difficiles».