Disposant de la deuxième armée de l'OTAN, la Turquie refuse d'engager ses troupes dans des missions de combat et n'a proposé que trois équipes de formation du personnel de sécurité afghan. Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan doit rencontrer demain le président américain Barack Obama à Washington pour des entretiens centrés sur le renforcement des troupes de l'Otan en Afghanistan et la lutte contre les rebelles kurdes de Turquie retranchés en Irak. Le programme nucléaire iranien, dont M.Erdogan a pris la défense à la surprise des alliés occidentaux de la Turquie, doit aussi figurer à l'agenda de la rencontre. La visite de M.Erdogan intervient après l'annonce par M.Obama de l'envoi de 30.000 soldats supplémentaires en Afghanistan, suivie par celle des autres membres de l'Otan de fournir un nouveau contingent de 7000 hommes pour vaincre les taliban et Al-Qaîda. Bien que disposant de la deuxième armée de l'Alliance atlantique, la Turquie refuse d'engager ses troupes dans des missions de combat et n'a proposé pour renfort que trois équipes de formation du personnel de sécurité afghan, selon des sources de l'Otan. Quelque 1700 soldats turcs sont pour l'heure déployés en Afghanistan pour des missions de patrouille à Kaboul et d'entraînement des forces afghanes. «La contribution de la Turquie à la mission en Afghanistan a eu une importance énorme depuis de nombreuses années», a déclaré vendredi le conseiller de M.Obama pour la sécurité nationale, James Jones. «Nous apprécions toute contribution que la Turquie sera en mesure de fournir pour accomplir sa mission très importante dans la région de la capitale», a-t-il ajouté. La Turquie refuse de combattre les insurgés islamistes en Afghanistan par souci de ne pas heurter ses coreligionnaires musulmans dans un pays avec lequel elle entretient des liens historiques étroits. Elle fait également valoir que son armée est déjà très occupée par la lutte contre les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le sud-est anatolien. Le sujet devrait être au coeur des discussion à Washington, avec notamment une évaluation des récentes initiatives du gouvernement turc en faveur d'un renforcement des droits des Kurdes, visant à tarir le soutien dont dispose le PKK dans cette population. Plusieurs analystes évoquaient un possible marchandage sur un renforcement du dispositif turc en Afghanistan contre une implication plus grande des Etats-Unis dans la lutte contre le PKK. Washington facilite depuis 2007 la lutte de la Turquie contre le PKK en fournissant des informations en temps réel sur les mouvements des rebelles dans les montagnes du nord de l'Irak. Quelque 2000 rebelles seraient retranchés dans cette région. L'Iran devrait lui aussi susciter des discussions entre les deux alliés après des déclarations de M.Erdogan, qui a défendu le caractère pacifique du programme nucléaire iranien et reproché aux puissances occidentales de fermer les yeux quand il s'agit d'Israël, considérée comme disposant en secret de l'arme nucléaire. Ces déclarations, ainsi qu'un spectaculaire réchauffement des relations avec des pays comme la Libye, la Syrie et le Soudan, et une détérioration de celles avec Israël après ses opérations à Ghaza en début d'année, ont fait s'interroger sur une volonté d'Ankara de s'éloigner de ses alliés occidentaux. Le gouvernement, issu de la mouvance islamiste, a démenti toute volonté d'abandonner son ancrage occidental et réaffirmé sa détermination à adhérer à l'Union européenne. MM.Erdogan et Obama devraient également discuter des efforts de la Turquie en vue d'une réconciliation avec son voisin arménien.