Le rideau est tombé. Les portes de la salle Ibn Zeydoun (Oref) se sont fermées, tard dans la soirée de vendredi dernier, clôturant ainsi la deuxième édition d'Alger Jazz Meeting. À quelques minutes du début, la salle était archicomble. Pas une place libre. Les marches de la salle de spectacle étaient prises d'assaut par les spectateurs. à 20h, la formation Pascal Schaer Trio fait son entrée. Le leader, Pascal Schaer, un Suisse, prend la parole. Il reviendra sur la dernière polémique helvétique concernant les minarets. Il condamnera d'ailleurs cette décision la qualifiant d'“absurde”. Il entamera son show en soufflant sur le cor alpin. En une fraction de secondes, on se serait cru dans les Alpes. Des notes profondes, caverneuses, allaient ,moderato cantabile, orienter cette première parte de la soirée. Sur le plan musical, les présents en avaient eu pour leur compte. La musique de Pascal Schaer se tourne essentiellement vers l'improvisation. Une improvisation à laquelle il ajoute, il associe une composition, servant de ligne conductrice. Une composition qui sert à exprimer “toutes ces choses musicales qui se cristallisent (…)”. Durant cette première partie, des sonorités venues d'Afrique viennent se mélanger à d'autres plus jazz, plus “groove”. Nous avons eu droit à différentes approches acoustiques très expressives. Et c'est dans un silence quasi religieux que le public se délectait. Aucun des présents ne voulaient perdre la moindre note. Tous avaient les yeux rivés sur les musiciens, avalant note après note. Le temps d'une pause, pour permettre aux techniciens de préparer la scène au prochain groupe et aux spectateurs de souffler ou d'échanger des avis, voilà que Raaga Trio envahit la scène. Composée d'Andreas Fulgosi (guitare), Andrea Kouyaté (Djeli ngoni et ngoni basse), Baba Konaté (djembé) et Guillaume Lagger (harmonica, guest), cette formation avait de l'énergie à revendre. Une découverte musicale pour la plupart des présents. Une surprise. Dès l'entame, les musiciens lancent une invitation à un voyage et pas n'importe lequel. C'est un voyage sonore où sont mélangés les expériences, les tendances musicales, mais surtout le vécu de ce groupe. Raaga Trio, dans ce concert, nous fait partager des compositions dans lesquelles on découvre, pas à pas, “les profondeurs des sentiments mandingues et les sonorités jazzy”. Si on devait définir la musique de cette formation, on pourrait la qualifier “d'un fin métissage entre le jazz et la musique traditionnelle ouest-africaine”. Les musiciens sur scène, le temps d'un concert, ont fait partager leurs différents courants musicaux mais surtout avec ces férus et autres amoureux du jazz . Une manière de prouver, encore, que le jazz reste cette musique qui accepte l'improvisation et la fusion. Le résultat était là durant ces trois soirées dédiées à ce genre musical.