Six mois après la promulgation de la loi de finances complémentaire 2009, les effets se ressentent sur le marché. Les produits de large consommation ne cessent de connaître des augmentations depuis quelques mois, notamment suite à la promulgation de la loi de finances complémentaire de 2009. L'une des explications avancées pour justifier ce phénomène est la réduction des importations. L'obligation de recourir uniquement au crédit documentaire a été pour quelque chose dans cet état de choses. C'était d'ailleurs l'objectif visé explicitement par le gouvernement lorsque la loi de finances complémentaire a été adoptée. Il fallait réduire, coûte que coûte, la facture des importations, y compris celle des produits alimentaires. Sans penser aux conséquences sur l'approvisionnement du marché et sur la flambée des prix. Cette dernière n'est certes pas nouvelle, mais la tendance a fini par s'exacerber en quelques mois. Tant pis pour les quelques milliers de travailleurs qui verront leur Snmg relevé dans quelques semaines. Il risque fort d'être grevé par la hausse des prix. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, n'a pas pu s'empêcher de souligner cette problématique lors de sa conférence de presse à l'issue de la tripartite la semaine dernière à Alger. Sucre, légumes secs, pâtes alimentaires et autres denrées subissent la hausse des prix. Ils doivent d'ailleurs être acheminés de plusieurs ports du pays vers les marchés depuis l'interdiction de décharger les marchandises non conteneurisées au port d'Alger à partir de l'été dernier. Les importateurs qui sont obligés de décharger leurs marchandises hors d'Alger, principal port du pays, font payer les frais de transport aux consommateurs. Outre les produits alimentaires, on constate que les citoyens doivent payer les autres achats plus cher. La différence peut atteindre 100 dinars. C'est le cas pour les produits cosmétiques. Shampoings, déodorants, teintures pour cheveux figurent dans cette catégorie. La production locale existe mais elle est soit insuffisante, soit non conforme aux exigences des clients. Ce qui fait basculer la demande vers les articles importés ayant subi une pression. Les shampoings importés qui coûtaient 240 dinars l'unité sont cédés à 280 dinars. La spirale n'a pas épargné les produits locaux et les shampoings produits en Algérie ont vu leurs prix grimper de 30%.Toujours en ce qui concerne les importations, les magasins de produits importés, notamment ceux franchisés, paient également les frais des mesures gouvernementales. Ils se vident et n'arrivent pas à reconstituer leurs stocks. Si les obstacles à l'importation sont franchis, il faut toujours s'affranchir des modalités douanières et ce n'est pas toujours facile. Les conteneurs remplis de marchandises attendent toujours au port d'Alger. Plusieurs jours sont nécessaires pour les dédouaner. Les nouvelles procédures d'importation sont perçues comme extrêmement contraignantes. Les délais sont devenus plus longs. Ce constat est fait par les importateurs et leurs intermédiaires depuis plusieurs mois et rien ne présage d'une solution rapide à ce problème. Il y a un signe qui ne trompe pas pour tous ceux qui veulent se renseigner sur l'état du commerce extérieur en Algérie. Depuis quelques jours, il n'y a plus la multitude de bateaux en attente d'accoster le port d'Alger. Avant l'été, pendant certaines semaines, il y avait jusqu'à 50 bateaux en rade. Comme si cela ne suffisait pas, le gouvernement a aussi pris des mesures réglementant l'importation de la pièce détachée. Les concessionnaires automobiles se plaignent, à leur tour, des difficultés croissantes d'importer les pièces de rechange depuis l'entrée en vigueur, le 2 novembre, d'une nouvelle mesure interdisant l'importation de pièces non fabriquées par les équipementiers automobiles reconnus. Les concessionnaires sont en faveur de cette mesure, mais cela n'empêche pas l'apparition du problème de reconstitution des stocks. Les clients se plaindront si les prestataires de service n'arrivent pas à les satisfaire. Alimentation, cosmétiques, pièces détachées: pour le gouvernement, il n'y pas de petites économies. Sauf que cette politique d'autarcie risque de s'étendre à d'autres produits essentiels comme les médicaments. Le gouvernement a été dans l'obligation de recourir à des mesures extrêmes dans le cadre de la LFC 2009 pour réduire la facture d'importation qui a atteint les 40 milliards de dollars en 2008. Dans un contexte de réduction des recettes d'exportation des hydrocarbures, les conséquences se manifestent à travers l'inflation galopante à plus de 5%, et une détérioration du pouvoir d'achat des travailleurs. La baisse du dinar par rapport à l'euro ne fait qu'aggraver les choses. Ahmed Ouyahia promet de se pencher sur toutes ces questions. La deuxième mesure après l'augmentation du Snmg sera celle du contrôle des marges bénéficiaires des commerçants.