Partout, comme si on s'était donné le mot, sur tous les étals sans exception, le prix de la patate n'est jamais affiché en dessous de 35 DA. Interpellé sur la flambée des prix des produits de première nécessité, le ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub, semblait surpris en ayant cette réponse interrogative: «Quels produits? Hier encore, j'ai constaté que la patate ne coûtait que 25 DA, quant aux produits primeurs, c'est toujours ainsi! Il ne faut pas oublier qu'on est en saison de primeurs et le Prophète (Qsssl) a dit: ´´Akhfidhouha bi torkia ou vendez-la´´ à la turque», a affirmé l'orateur dans une logique du «tout-va-bien», en marge de l'ouverture du 20e Salon de la production nationale à Alger. A entendre M.Djaâboub affirmer que la pomme de terre ne coûte que 25 DA, on est tenté de poser à notre tour au moins deux questions: «De quel pays parlez-vous M.le ministre? Et si c'est de l'Algérie, dites-nous au niveau de quel marché se vend le tubercule à 25 DA car le citoyen en sera vraiment ravi.» Cependant, la réalité du marché est tout autre. On a beau chercher, se renseigner aux quatre coins du pays sur ce marché idyllique, envain. Partout, sur tous les étals, sans exception, le prix de la patate n'est jamais affiché en dessous de 35 DA. Depuis fort longtemps maintenant, le prix de la patate n'a pas connu de stabilité. Les spéculateurs, car c'est bien eux les vrais maîtres du marché, lui ont fixé une fourchette située entre 35 et 120 DA. La légère baisse constatée est due à l'arrivée sur le marché de la récolte de la mi-saison. Selon quelques observateurs, les filières de stockage et celle de la distribution cédées au privé, bénéficient d'un large sursis qui ne dit pas son nom. Ainsi, les produits de large consommation ne cessent de connaître des augmentations depuis quelques mois, notamment suite à la promulgation de la loi de finances complémentaire 2009. Cette tendance au bouillonnement a fini par s'exacerber en quelques mois. Sucre, légumes secs, pâtes alimentaires et autres denrées ontatteint des pics brûlants. Outre les produits alimentaires, les citoyens doivent payer les produits cosmétiques et autres encore plus cher. Par ailleurs, à l'inauguration de la 20e édition de la Foire de la production algérienne, le ministre indiquera, à propos des crédits documentaires: «Je ne suis pas du côté de ceux qui disent que c'est la fin du monde.» L'orateur ajoutera que cette question a été soulevée par plusieurs industriels lors de cette foire. Et ce dernier d'expliquer que «la question du crédoc a été posée au niveau de la tripartite et le principe retenu par le gouvernement était la séparation entre l'importation pour la revente en l'état et l'importation des équipements et les pièces de rechange pour les usines ou même l'importation des matières premières». «Il y a plusieurs pays au monde qui ne travaillent qu'avec le crédit documentaire», soulignant que la confiance entre le fournisseur étranger et le client algérien devrait être mutuelle, poursuivra M.Djaâboub. Par ailleurs, interrogé sur l'adhésion de l'Algérie à l'OMC, le ministre a reconnu que «nous sommes à la même place qu'il y a une année». «La réunion qui devait se tenir il y a une année n'a pas encore eu lieu», indique-t-il. «Nous sommes toujours en préparation des réponses aux dernières questions récurrentes que nous avons reçues, essentiellement des Etats-Unis et de l'Union européenne», poursuit-il. Et de conclure: «Une fois adoptées par le gouvernement, elles seront renvoyées à Genève et, d'ici là, on verra pour le 11e round des négociations, à la lumière des réponses que donnera l'Algérie. On pourra éventuellement espérer une avancée.»