Les maladies incurables de notre siècle n'épargnent aucune tranche d'âge, y compris la catégorie infantile. En effet, après qu'il ait lutté pendant trois longues années, un enfant âgé de cinq ans est décédé, en fin de semaine dernière, des suites du sida. Les médecins du service des maladies infectieuses d'Oran sont abattus. Malgré le choc, ils tentent tant bien que mal de résister et d'apporter soins et assistance nécessaires aux patients restants qui attendent leur tour. Ce décès, de plus, survient quelques jours après la célébration, le 1er décembre, de la Journée mondiale de la lutte contre le sida. A Oran et ses environs immédiats, les bilans des personnes ayant contracté le virus mortel prennent des courbes phénoménales ces derniers mois. Depuis le début de l'année à ce jour, près de 290 nouveaux cas sont enregistrés. La mortalité n'est pas en reste. Quelque 200 patients, porteurs du virus, ont perdu la vie depuis 1990 à ce jour. Ce n'est pas tout, vu que les chiffres sont tout aussi effarants: deux nouveaux cas sont enregistrés quotidiennement tandis que quelque 1200 porteurs du virus sont pris en charge par les services des maladies infectieuses d'Oran. La transmissibilité est sans appel au moindre contact non protégé. En effet, 90% des cas recensés sont dus à des rapports sexuels. A cela s'ajoute l'absence totale des moyens de sensibilisation et d'information. «La prise en charge sérieuse du phénomène n'existe pas en Algérie vu que cette maladie constitue encore un véritable tabou», a regretté un médecin qui appelle à débattre rationnellement du sujet. Et ce dernier d'ajouter qu'il est temps d'associer tous les ministères à la lutte contre la propagation du VIH et ce, aux fins d'éradiquer toutes les origines directes ou indirectes du sida. Par ailleurs, les causes de ce fléau étant connues par le commun des mortels, l'on continue à occulter un fait: la prostitution. Celle-ci en est la principale cause. Elle est motivée par la misère et l'indigence. Les grandes villes, les villages et agglomérations, sont devenus des lupanars à ciel ouvert au vu et au su de tout le monde. La police fait des moeurs face, quotidiennement, à des réseaux de débauche qui se constituent après chaque démantèlement d'un autre réseau. Aussi, les tribunaux criminels débattent, en moyenne, trois affaires chaque semaine, toutes liées à la création de lieux de débauche et de prostitution. Pis encore, la prostitution semble avoir été avalisée par des patrons hôteliers soucieux de l'avenir des services touristiques qu'ils offrent. Sinon, comment tolérer que cette prostitution s'exerce dans des établissements hôteliers dotés de cabarets dominés en majorité par la gent féminine? Les recettes de ces «pseudo-centres touristiques» spécialisés dans ce qui est appelé dans le jargon local «la passe», seraient nulles sans les services des femmes surnommées «les entraîneuses». Seuls les gérants de ces boîtes sordides sont au fait du sort réservé aux éventuelles naissances et apparition de cas de sida.