En soufflant à pleins poumons sur un brasier qui allait s'éteindre, l'Egypte risque de se brûler. Dans tous les conflits, dans toutes les rixes, les insultes qui se radicalisent au début finissent par s'adoucir au fil des jours. Tel n'est pas le cas de l'Egypte dont le président de la Fédération de football, Samir Zaher, l'instigateur de la campagne médiatique haineuse contre l'Algérie, vient de franchir le Rubicon. Ce responsable a annoncé hier, sa décision de maintenir l'organisation d'une conférence internationale pour dénoncer ce qu'il qualifie «d'agression contre des supporters égyptiens à Khartoum», lors du match de barrage pour la qualification au Mondial de 2010. «Pour montrer au monde entier que le match s'est joué dans un climat de terreur et de terrorisme.» Pourtant, il n'a aucune preuve matérielle compromettante contre les supporters algériens. Cette conférence prévue, selon la presse égyptienne, dans les prochains jours, ne sera pas de nature à apaiser la situation déjà très tendue entre les deux pays. Au contraire, elle vise à rajouter de l'huile sur le feu. Comme si les 80 heures d'insultes et de dénigrement inqualifiables contre l'Algérie n'ont pas suffi, Samir Zaher passe à un autre stade et ouvre un nouveau front. Que cherche-t-il à travers cette énième frasque destinée à souiller davantage l'image de l'Algérie à travers le monde? Ce responsable a usé et abusé d'une arme de destruction massive: l'insulte. Il a été l'instigateur de la campagne la plus haineuse que n'ait jamais connue l'Algérie depuis l'Indépendance: il a sali la mémoire des martyrs de la Révolution, brûlé l'emblème national, le tout dans une impunité la plus totale. N'est-ce pas une gageure que de vouloir adopter «une attitude responsable et diplomatique» face à ce qui, dans toutes les cultures, relève sinon de l'indicible, du moins du politiquement incorrect? «Insulte-moi, et je te dirai qui tu es!» Samir Zaher est au régime de Moubarak ce que Gobbels est au nazisme. Plus le mensonge est gros, plus il passe. Alors que le commissaire de la sécurité de la Fifa, Walter Gagg, n'a mentionné aucune dérive dans son rapport lors du match à Khartoum, M.Zaher lui, veut démontrer le contraire. Toutes les télévisions du monde ont vu les images des joueurs de l'Equipe nationale algérienne à leur arrivée au Caire le 14 décembre, blessés par des supporters égyptiens, M.Zaher affirme que c'est une manoeuvre montée par les Algériens. Ainsi, il aura tout fait pour faire basculer la balance de son côté, pour se refaire une virginité envers ses compatriotes, en vain: on ne démontre pas la quadrature du cercle. En soufflant à pleins poumons sur un brasier qui allait s'éteindre, Zaher risque de se brûler. Ce sont les avocats qui viennent de donner un avant-goût de ce que sera la suite de la démarche égyptienne. En effet, la délégation algérienne s'est retirée avant-hier de la séance d'ouverture de la réunion du bureau permanent de l'Union des avocats arabes qui se tenait dans la capitale syrienne, Damas. Le timing de cette action algérienne, a été bien ciblé puisque la délégation algérienne a choisi le moment où le bâtonnier de l'Ordre des avocats égyptiens et actuel président du bureau, allait intervenir, pour quitter la salle en guise de protestation. C'est avec la caution de cet «homme de droit» que le drapeau algérien a été brûlé par les avocats égyptiens au Caire sans qu'il daigne réagir face à ce crime contre l'Algérie. Dans le sillage de l'hystérie collective égyptienne, les avocats du pays de Moubarak se sont mis de la partie sans le moindre discernement ni tentative de s'élever face à des comportements de voyous. Embarrassé, l'Egyptien n'a pas trouvé mieux alors, que de servir le plat de l'arabité et de l'unité arabe à l'assistance médusée face à ce qui se passait dans la salle. Si, durant les premiers instants de cette action de protestation, les autres congressistes n'ont pas bronché, ils ont, par la suite, jugé le retrait des Algériens légitime. Cette délégation d'avocats représentant le barreau algérien entendait, dans un premier temps, réclamer le transfert du siège social de cette association du Caire vers une autre capitale arabe. Mais face à la persistance des injures et des basses manoeuvres égyptiennes contre l'Algérie, il fallait bien réagir. Un autre signe révélateur que la situation n'est pas à l'apaisement entre les deux pays, est le départ de plusieurs ressortissants égyptiens installés en Algérie. Selon notre confrère Le Soir d'Algérie, ils sont près de 700 Egyptiens à Skikda, à avoir quitté le pays.