Pour éviter le pire, Rabat est appelé à cesser son escalade oppressive contre les Sahraouis. La balle est dans le camp marocain. Pour peu que les conditions soient réunies, les Sahraouis sont prêts à reprendre les négociations avec Rabat. Dimanche, le Front Polisario a exprimé sa disponibilité à coopérer dans le cadre des Nations unies pour une solution au conflit sahraoui. Seulement, cette coopération est tributaire d'un ensemble de «conditions favorables». Ainsi, les pourparlers doivent être repris «loin de la logique d'escalade, de répression sauvage, des arrestations, des procès arbitraires (...) imposée par le gouvernement marocain aux citoyens et aux militants sahraouis», a estimé M.Mohamed Abdelaziz, le président sahraoui, dans une lettre adressée à Ban Ki-moon, secrétaire général de l'ONU. Dans son message, le premier responsable du Front Polisario a sollicité «une intervention immédiate pour mettre un terme à la large campagne d'arrestations et de procès arbitraires» que subissent les Sahraouis. Ainsi, la thèse du complot pour freiner les négociations, prônée par le Maroc, est battue en brèche. Vendredi dernier, le ministre marocain des Affaires étrangères, Taïeb Fassi-Fihri, avait accusé Alger de manipuler le Front Polisario et l'activiste sahraouie, Aminatou Haïdar. Au terme d'un entretien qu'il a eu avec Ban Ki-moon, le ministre marocain a voulu disculper la monarchie chérifienne de toute responsabilité quant aux conséquences des récentes «dérives». Pourtant, la campagne de répression menée contre les militants et citoyens sahraouis fait suite au discours du roi Mohammed VI le 6 novembre dernier. En effet, le souverain marocain avait menacé ceux qui ne se reconnaissent pas comme Marocains, de représailles. S'en est suivi une série d'arrestations de plusieurs militants sahraouis des droits de l'Homme. Dans le même sillage, Aminatou Haïdar avait été expulsée, le 13 novembre, du Maroc vers l'aéroport de Lanzarote, dans les îles Canaries, relevant de la juridiction espagnole. La pasionaria du Sahara occidental observe une grève de la faim qui dure depuis presque un mois. De ce fait, le gouvernement de M.Zapatero s'est retrouvé dans une situation délicate. Accusé de complicité avec Rabat, Madrid a décidé de faire pression sur la monarchie marocaine pour permettre le retour de la militante dans les territoires occupés. «Nous demandons au gouvernement du Maroc qu'il assume ses responsabilités parce que c'est le gouvernement du Maroc qui a créé ce problème», a déclaré, dimanche, Manuel Chavez, ministre des Affaires politiques territoriales. Cette déclaration intervient au lendemain de la montée au créneau des syndicats de la police espagnole. En effet, ces derniers ont qualifié d'«hypocrisie politique» et de «mensonge» les déclarations faites par le chef du gouvernement, M.Zapatero, vendredi, alors qu'il assistait aux travaux du Conseil européen à Bruxelles. Ce dernier avait indiqué que la décision de recevoir Aminatou Haïdar sur le territoire espagnol a été prise «dans le cadre des prérogatives de la police». Quoi qu'il en soit, la monarchie alaouite est mise en demeure d'éviter la déstabilisation de la région du Maghreb. Une déstabilisation qui pourrait provoquer une situation conflictuelle dramatique.