«Le tourisme en Algérie est encore loin du niveau international, notamment par rapport aux pays développés et émergents.» C'est ce qu'a déclaré le président de l'Association nationale des économistes algériens (Anea), le Dr Mohamed Belkacem Bahloul, qui a animé une conférence de presse au Centre d'El Moudjahid hier à Alger. Cette rencontre a porté sur le développement du tourisme en tant que ressource renouvelable pour le financement de la lutte contre le sous-développement. La même rencontre intervient en prélude à un colloque scientifique international qui se tiendra à Tamanrasset les 19 et 20 décembre prochains sur le même thème. Cette activité économique, notent les organisateurs, constitue une source renouvelable importante pour le financement de la lutte contre la pauvreté et le sous-développement. Le colloque verra la participation de chercheurs algériens et étrangers. Concernant les axes que va aborder cette rencontre scientifique, ils porteront sur l'état du secteur du tourisme en Algérie, la définition du tourisme saharien et tourisme de santé, ainsi que le tourisme côtier. Il y aura également une conférence sur «L'échec du secteur du tourisme en Algérie», et «Le développement et la promotion du tourisme local en Algérie», et une autre conférence sur «la promotion de la culture touristique en Algérie». Selon le conférencier, ce qui entrave le développement du tourisme en Algérie et sont notamment «les coûts des services jugés élevés». S'ajoute à cela, poursuit-il, «le manque d' hôtels qui sont au nombre de 1140, selon les statistiques de 2007 dont 59% n'ont pas de classification avec une capacité de 85.000 lits». Quelle que soit l'esthétique des infrastructures réalisées, l'attractivité pour le tourisme algérien reste intimement liée à la qualité de services, une donnée essentielle qui puise sa force dans la culture touristique. Pas de qualification professionnelle auprès des acteurs directs du tourisme, pas de touristes. «Il faut en finir avec ce secteur touristique peu attractif, car incapable de fournir un produit répondant au standard international», lance l'orateur. Quand l'hôtellerie algérienne vous exige des tarifs exorbitants pour des séjours de 10 jours, sans pour autant offrir à ses touristes locaux ou étrangers le bon service (accueil, conditions d'hébergement et de restauration, animation...), c'est normal que les pays voisins, comme la Tunisie et le Maroc, continuent d'accueillir chacun entre 3,5 et 5,5 millions de visiteurs venus de tous les horizons. Ils sont près de 1,5 million d'Algériens habitués à connaître le bonheur et la joie des vacances en Tunisie, rappelle-t-on. L'Algérie, qui doit se faire une place dans un monde touristique en effervescence, s'oblige à appliquer une «politique de captation». Il s'agira d'organiser ses offres et d'avoir comme priorité le développement du tourisme populaire, notamment avec l'émergence de la classe moyenne en Algérie. C'est le passage obligé pour attirer progressivement le touriste étranger dans un pays à larges potentialités, mais au demeurant la dernière destination touristique, au moment où le sud de la Méditerranée convoite de plus en plus de visiteurs.