Elle a embarqué jeudi à 22 heures 15 (heure locale) à partir de l'aéroport de Lanzarote, dans l'archipel des Canaries, à bord de l'avion médicalisé qui devait la ramener chez elle. Le retour de la résistante sahraouie au sein de sa patrie et parmi les siens s'est effectué sans encombre. Aminatou Haïdar a foulé comme elle l'a souhaité le sol du Sahara occidental après deux heures de vol. Elle s'est acquittée sans difficultés des formalités d'usage auprès des services de police et des douanes de l'administration occupante marocaine. «Le retour au Maroc d'Aminatou Haïdar fait suite aux appels réitérés, particulièrement de pays amis, en vue de trouver, pour des considérations humanitaires, une issue à la situation dans laquelle elle s'est délibérément placée, après son refus, le 13 novembre dernier, d'accomplir les formalités légales en vigueur pour accéder au territoire marocain», a indiqué un communiqué du ministère marocain de l'Intérieur pour expliquer l'expulsion de la militante sahraouie des droits de l'homme vers l'île de Lanzarote. S'en est suivi, pour rappel, un bras de fer qu'elle a engagé contre les autorités marocaines sur fond d'une grève de la faim qui aura duré 32 jours. «C'est un triomphe du droit international, des droits de l'homme, de la justice internationale et de la cause sahraouie», a déclaré à la presse, d'une voix affaiblie par plus d'un mois de grève de la faim, la militante sahraouie des droits de l'homme. Elle venait de quitter l'hôpital où elle fut admise en urgence, et à sa demande, dans la nuit de mercredi à jeudi. Fortement déshydratée et vomissant du sang tout en restant lucide, elle n'a pas interrompu sa grève de la faim. On a craint le pire pour elle. «Les médecins nous ont dit que son état était stationnaire et qu'ils lui avaient administré des calmants pour soulager les fortes douleurs qu'elle avait ressenties dans la journée», a tenté de rassurer le porte-parole de la plate-forme de soutien de la pasionaria sahraouie, qui s'est exprimé, jeudi, sur les ondes de la radio nationale espagnole, RNE. Et pour démontrer l'extraordinaire état d'esprit ainsi que la détermination à toute épreuve qui animent la volonté de la militante des droits humains sahraouie à aller jusqu'au bout de ses forces, s'il le fallait, Fernando Peraïta a souligné à propos d'un éventuel arrêt de sa grève de la faim: «Elle ne le fera qu'une fois rentrée chez elle.» On était encore loin de se douter, ne serait-ce que l'ombre d'un instant, que le moment tant attendu, tant espéré, interviendrait quelques heures après ces déclarations. Simple fruit du hasard? Prémonition? Ou bien un signe que le dénouement de cette dramatique histoire était proche? Il fallait de toutes les façons avoir du flair pour le décoder. L'on a pourtant commencé à y penser lorsque les médias espagnols ont répercuté les déclarations d'un des membres actifs de la plate-forme de soutien. Il a livré des indications qui devaient présager de l'imminence de cet heureux épilogue. «On est proche d'une solution immédiate et de son retour à El Aâyoune», avait annoncé Carmelo Ramirez. Les toutes récentes intenses activités diplomatiques développées, en particulier, par la secrétaire d'Etat américaine en faveur de la militante sahraouie des droits de l'homme ont, aussi, laissé croire au déblocage rapide de cette affaire. Hillary Clinton, qui a exprimé son inquiétude au sujet de la dégradation de la santé de la militante sahraouie des droits humains, a fait part de la position de l'administration Obama au chef de la diplomatie marocaine. «Notre inquiétude pour la santé de Mme Haïdar et notre souhait que l'on essaie de résoudre cette situation dès que possible», a espéré l'ex-première Dame des Etats-Unis, il y a un peu plus d'une semaine. Dès mercredi José Luis Rodriguez Zapatero, sous la pression d'une motion votée mardi par le Parlement de son pays, a essuyé une salve de critiques de la part des représentants du peuple espagnol. «Nous allons résoudre ce problème... J'espère et j'ai bon espoir que ce soit résolu rapidement, et lorsque ce sera réglé, j'expliquerai tout ce que nous avons fait», a promis le président du gouvernement espagnol aux parlementaires qui venaient de le sérieusement chahuter. De son côté, la France qui est connue pour son soutien au plan de large autonomie, préconisé par le royaume marocain, n'est pas restée en marge de ce bouillonnement diplomatique. Le président de la République française, qui avait reçu le 15 décembre 2009 Taïeb Fassi Fihri, ministre marocain des Affaires étrangères, «a exprimé le voeu que le Royaume du Maroc puisse, dans sa tradition d'ouverture et de générosité, faire remettre à Mme Aminatou Haïdar son passeport marocain à son arrivée sur le territoire du Royaume», a indiqué jeudi un communiqué de l'Elysée. Rabat y a prêté une oreille attentive. «Comme suite à cet entretien, Mohammed VI a informé le président Sarkozy, par message, le 17 décembre 2009, de l'accord de l'Etat marocain. Dans ces conditions, Madame Aminatou Haïdar peut regagner le Maroc», a poursuivi le texte de la présidence française. Un revirement spectaculaire et inattendu du gouvernement marocain qui donnait l'impression d'être intransigeant et intraitable sur cette affaire dont il avait fait une affaire d'Etat et une question de sécurité intérieure. Voire une question d'honneur!