Plus de 61 millions d'euros ont été déboursés pour l'achat de 20 millions de doses de vaccin. A 18 jours de la Coupe d'Afrique des nations, prévue en Angola, surgit une difficulté majeure: la vaccination des supporters algériens contre la grippe A. «Le chiffre prévisionnel est de 3000 personnes», a déclaré, hier, M.Slim Belkessam, chargé de communication au département de la santé, lors d'un point de presse animé au siège du ministère à Alger. Provisoire, ce chiffre est loin de correspondre au nombre des candidats au voyage pour l'Angola, déjà enregistré au niveau du ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS). «Pour le moment, la liste est ouverte. Cela dit, le chiffre de 3000 personnes est nettement inférieur à celui dont nous disposons actuellement», a révélé, pour sa part, Mme Zina Azzoug, attachée de presse au MJS. Jointe par téléphone, cette dernière a précisé que seuls les supporters titulaires d'une autorisation du MJS seront vaccinés. A elle seule, la différence établie entre les prévisions des autorités sanitaires et les besoins, jusque-là enregistrés au niveau du département de la jeunesse et des sports démontre une chose: l'absence d'une coordination entre les deux ministères. Et cela pourrait remettre en question le bon déroulement de l'opération de vaccination des supporters. Même si cette dernière se passe dans les normes, la vaccination des supporters partant pour une joute footballistique passe-t-elle avant celle des personnes fortement exposées au virus H1N1, en premier lieu les femmes enceintes? «Le personnel de la santé sera vacciné en premier lieu, viendront ensuite les femmes enceintes et les personnes à profil sanitaire à risque et les travailleurs dans les secteurs stratégiques», a assuré M.Belkessam. Dans ce cas, l'Algérie est-elle prête à vacciner 350.000 personnes travaillant dans les secteurs public et privé de la santé, 800.000 femmes enceintes, les effectifs des corps constitués, tous les personnels des secteurs stratégiques et les malades chroniques en 18 jours? Pour le moment, 713.000 doses de vaccin contre la grippe A ont été réceptionnées par les autorités sanitaires, selon les déclarations faites dimanche dernier par le ministre de la Santé lui-même, en l'occurrence M.Saïd Barkat. Ainsi, il manque 118.000 doses sur les 900.000 prévues pour le mois de décembre. Un autre aspect: le vaccin ne bénéficie pas encore d'une autorisation d'utilisation à l'échelle nationale. Pourtant «le produit dans ses deux versions avec et sans adjuvants à été homologué les 21 septembre et 21 octobre derniers en Europe», a assuré de son côté le Pr Smaïl Mesbah, directeur de la prévention au ministère de la Santé. Par rapport aux craintes soulevées sur les effets secondaires du produit, le Pr Mesbah a tranché: «Le vaccin ne présente aucun effet secondaire sortant de la norme, habituellement relevé dans toutes sortes de vaccins.» Si l'efficience du vaccin reçu par l'Algérie est acquise, pourquoi le processus de son contrôle prend tout ce temps? De plus, les autorités sanitaires n'arrivent pas, pour l'instant, à fixer la date du lancement de la campagne de vaccination ainsi que les échéanciers de son déroulement. «Celle-ci sera lancée 24 heures après l'obtention du certificat de conformité du produit», a encore une fois indiqué M.Belkessam. Et si le vaccin était déclaré invalide par le Laboratoire national de contrôle de produits pharmaceutique? C'est l'achat de 20 millions de doses qui sera complètement remis en cause. Pour 3,70 euros l'unité, l'Algérie a payé plus de 61 millions d'euros la quantité importée. Par ailleurs, les spécialistes, notamment ceux de l'OMS, n'excluent pas la possibilité de mutation du virus H1N1. Dans le cas où cela arrive, tout le programme de lutte arrêté tombera à l'eau. Les autorités algériennes ont-elles pris cette éventualité en considération?
