Après l'adoption par le Parlement français d'un texte législatif relatif à leur indemnisation, les victimes des essais nucléaires français au Sahara demeurent dans l'inquiétude. Le Parlement français a adopté définitivement mardi dernier, le projet de loi sur l'indemnisation des victimes des essais nucléaires effectués par la France en Algérie et dans le Pacifique au cours du XXe siècle. Le texte concerne l'indemnisation des victimes des 210 essais menés en Algérie de 1960 à 1966 et en Polynésie de 1966 à 1996. Environ 150.000 militaires et civils ont travaillé sur ces chantiers, sans compter la population locale. «Ce texte crée un dispositif d'indemnisation juste, rigoureux et équilibré», a déclaré le ministre de la Défense, Hervé Morin, qui présentait le projet de loi. Selon lui, les premières victimes pourraient être indemnisées «au début de l'année prochaine». Cependant, certains députés français ont soutenu que «c'est une loi d'indemnisation a minima». Pour le député des Verts, François de Rugy, «ce texte ne répond pas aux attentes des victimes». «L'indemnisation ne doit pas dépendre du bon vouloir d'un ministre», a-t-il ajouté. Le texte prévoit que «toute personne souffrant d'une maladie radio-induite résultant d'une exposition à des rayonnements ionisants dus aux essais nucléaires français» et inscrite sur une liste fixée par décret du Conseil d'Etat «peut obtenir réparation intégrale de son préjudice». Il ajoute que «si la personne est décédée, la demande de réparation peut être présentée par ses ayants droit». Néanmoins, les victimes doivent prouver avoir résidé ou séjourné soit entre le 13 février 1960 et le 31 décembre 1967 au Centre saharien des expérimentations militaires, ou entre le 7 novembre 1961 et le 31 décembre 1967 au Centre d'expérimentations militaires des oasis ou dans les zones périphériques à ces centres, pour pouvoir bénéficier de ces indemnisations. Ainsi, il aura fallu des décennies de lutte pour en arriver à un tel résultat d'autant que son interprétation a minima pourrait conduire à n'indemniser que peu de victimes. Ainsi, Paris persiste dans sa logique en tentant de limiter dans le temps et dans l'espace les dégâts provoqués par ses essais nucléaires dans le Sahara algérien. En effet, dans les faits, le parcours du combattant risque de perdurer, car le gouvernement a tout mis en oeuvre pour limiter les indemnisations. D'abord en refusant d'instituer «un fonds d'indemnisation spécifique et autonome», au profit d'un comité d'indemnisation composé, notamment d'experts médicaux nommés par le gouvernement. Ce qui fait dire à certains que «le ministre de la Défense est juge et partie» dans cette affaire. En outre, les dommages environnementaux ne sont pas pris en compte. Cerise sur le gâteau, le ministre n'a pas communiqué son projet de décret listant les maladies ouvrant droit à indemnisation, qui pourrait être revu à la baisse, passant de dix-huit à treize, laissant de côté des affections comme le myélome et le lymphome (cancers). Quant à la repentance, elle demeure un voeu pieux.