La plupart des spécialistes et des responsables de la sécurité aéroportuaire assurent que le risque zéro n'existe pas. La tentative d'attentat perpétrée vendredi par un Nigérian qui a essayé de faire détoner un engin explosif à bord d'un avion de ligne américain entre Amsterdam et Detroit pose à nouveau la question de l'efficacité des mesures de sécurité dans les aéroports et en vol. Vendredi, les passagers du vol 253 de Northwest Airlines ont raconté avoir entendu un fort bruit et vu une lumière intense avant que des flammes ne fassent leur apparition à l'intérieur de la cabine. L'auteur des faits se serait présenté au FBI comme ayant des liens avec Al Qaîda, selon plusieurs médias. Douglas R. Laird, l'ancien directeur de la sécurité de Northwest Airlines, n'est pas surpris. «C'est dur à dire mais nous ne faisons que récolter ce qu'on a semé», dit-il avant d'ajouter: «Ma vraie peur c'est qu'il y en ait d'autres.» D'après lui, tant que les rayons X ne seront pas «remplacés par des scanners corporels» pour inspecter les passagers, «le danger ne sera pas écarté» parce que si vous n'utilisez pas un scanner corporel, vous ne pouvez pas savoir ce qu'une personne a sous ses vêtements. Mais l'utilisation de ces scanners est controversée en raison notamment des présomptions de voyeurisme. Les ondes de ces appareils traversent en effet les vêtements et dessinent sur l'écran le corps dévêtu, en trois dimensions. Et ces scanners coûtent cher: plus d'un million de dollars, quand un appareil à rayon X classique peut être acheté moins de 50.000 dollars. Pour ce spécialiste de la sécurité dans les aéroports, il est étonnant que le terroriste présumé ait choisi de décoller de l'aéroport Schipol d'Amsterdam qui est l'un des aéroports du monde les plus sûrs, avec des «normes de sécurité très élevées», selon lui. Mais la plupart des spécialistes et des responsables de la sécurité aéroportuaire assure que le risque zéro n'existe pas. Et régulièrement des équipes de journalistes défraient la chronique en faisant entrer des armes ou des explosifs dans des zones sous douane ou dans des avions. Quand ce n'est pas le parquet de Moscou qui, comme en 2007, annonce avoir constaté de «nombreuses violations» des règles de sécurité dans les aéroports de la capitale russe, précisant qu'aucun d'entre eux ne garantit un contrôle efficace des bagages. Et pourtant, depuis 2001, les innovations s'accumulent pour améliorer la sécurité des aéroports et des vols. Il y a quelques semaines, des scientifiques allemands ont annoncé avoir développé un détecteur instantané d'explosifs liquides qui pourrait être utilisé pour déterminer en quelques secondes si des fluides transportés dans les bagages à main sont potentiellement dangereux. En 2008, prenant exemple sur les Etats-Unis, le Parlement européen avait autorisé la possibilité d'avoir des «shérifs des airs» armés sur les vols. En 2006, suite à la mise au jour par Londres d'un complot terroriste destiné à faire sauter en vol des avions au moyens d'explosifs liquides, l'introduction de la plupart des liquides et gels de plus de 100 ml avaient été interdite en cabine aux Etats-Unis, en Europe puis dans le reste du monde. En 2003 le blindage des portes de cockpit avait été rendu obligatoire pour éviter que des terroristes fassent irruption dans les postes de pilotage pour s'emparer des commandes comme ce fût le cas lors du 11-Septembre 2001.