Si l'Algérie a pu organiser 120 festivals institutionnalisés, le secteur culturel, en devenir, souffre encore de remue-ménage et autre bricolage. La scène culturelle nationale a été fructueuse pour certains qui ont vu le fruit de leur effort récompensé, à l'instar du réalisateur algérien installé en France, Lyès Salem, qui a raflé la mise avec son film Mascarades en obtenant prix sur prix. Ce fut incontestablement l'année de la consécration. 2009 marquera aussi et sans aucun doute le retour, après 40 ans d'absence, du Festival culturel panafricain dans sa deuxième édition. Un festival auquel ont pris part plus de 50 pays et 8000 invités et artistes. Pour ce faire, l'Etat a dû débourser 80 millions d'euros. Un montant jugé excessif dès son annonce, mais défendu par la ministre de la Culture, Khalida Toumi, arguant du fait qu'il correspond à la moitié du budget d'une grosse production cinématographique américaine, comme le dernier Batman. Quoi qu'il en soit, les Algériens ont renoué avec les veillées nocturnes, une quinzaine de jours durant -nonobstant le mois de Ramadhan. Les promesses de Khalida Toumi, en tout cas, n'en finissent pas. Si l'Algérie a pu atteindre les 120 festivals institutionnalisés, le secteur culturel en gestation, par contre, semble-t-il, souffre encore de remue-ménage et autre bricolage, témoins d'une médiocrité certaine de la part de nombreux dirigeants. En effet, la réalisation d'une bibliothèque arabo-sud-américaine, un centre arabe d'archéologie, et notamment une salle de spectacle d'un millier de places, sont restés dans les limbes. Un projet en étude, dit-on...vieux de plusieurs années. Le secteur du livre a connu, lui, en cette année 2009, sa part belle de désagréments. En raison de la loi de finances complémentaire et la délocalisation du Sila, le livre a fait l'objet, cette année, d'un conflit sans précédent, en étant l'otage non avoué du bras de fer qui a opposé le Snel (Syndicat national des éditeurs) au Spel (Syndicat des professionnels du livre). On se souvient du coup de gueule de Smaïl Ameziane, commissaire du 14e Sila qui, insatisfait par l'édition de cette année - qui a pourtant connu un record de fréquentation de 150.000 visiteurs/jour - a lâché lors d'une conférence de presse: «Alger doit disposer de son Palais des expositions, car l'espace de la Safex n'est pas digne d'une capitale!». Depuis, un nouveau syndicat du livre, le Fored, a vu le jour. Côté cinéma, Alger s'est dotée enfin de ses Journées internationales du film à l'instar de Carthage (Tunisie) ou encore Béjaïa grâce à la dynamique association «A nous les écrans». Le monde du 7e art algérien aura connu hélas, de mauvaises nouvelles avec la disparition du réalisateur et moudjahid Ahmed Lallem, auteur entre autres, des films tels que Elles, Zone interdite, Barrières et Les Algériennes, trente ans après. L'Algérie aura célébré, une fois n'est pas coutume, son fils Kateb Yacine à l'occasion des 20 ans de sa disparition. Un hommage tardif, timide mais qualifié de belle reconnaissance à l'incommensurable oeuvre de cet artiste, écrivain de génie dont l'oeuvre a été revisitée sur tous les plans. Si le passé est évoqué, l'avenir culturel national reste encore incertain et le sort du Parc des cinémathèques tant attendu, demeure flou.