Personne ou presque ne prend de décisions basées sur la statistique. Cinq années après le lancement du plan d'investissement de 150 milliards de dollars, l'heure est au bilan. Mais ce travail ne peut être effectué sans disposer d'un appareil statistique fiable. Les gestionnaires du secteur public ne sont pas les seuls à être interpellés pour fournir des données sur leur activité. Même le privé, local et étranger, a obtenu des marchés dans le cadre de ces projets. Et un retour d'information est nécessaire et vital pour disposer d'informations sur le taux de réalisation et sur les enveloppes budgétaires consommées. Pour l'instant, ces informations sont très aléatoires. Les gestionnaires du secteur public ne sont pas du tout disposés à faire l'objet d'une évaluation susceptible de montrer au grand jour leurs carences. Même les malversations qui peuvent exister se trouvent ainsi dissimulées. Pour le privé, sa culture n'est pas toujours accompagnée de transparence. Historiquement, il n'était pas encouragé à se montrer. Cette tradition s'est poursuivie jusqu'à nos jours. Le Forum des chefs d'entreprise et le Club de réflexion autour de l'entreprise tentent de pousser le privé à se départir de cette habitude. Mais les résultats se font toujours attendre. Dans ce contexte, il est alors légitime de s'interroger sur les sources d'information des gouvernants pour élaborer leurs politiques et leurs prospectives. Certaines réponses commencent à peine à être initiées. Et le travail de transparence commence avant le lancement des projets. C'est la mission de la Caisse nationale d'équipement pour le développement. La seconde action est liée à la modernisation de l'appareil statistique national afin qu'il puisse accompagner le développement socioéconomique de l'Algérie. Cela n'est pas seulement une affaire qui concerne l'Office national des statistiques. Le Commissariat à la planification et la prospective est un autre outil appelé à la rescousse pour disposer d'informations fiables. Cette mobilisation ne doit pas être déconnectée d'une coordination de leurs efforts. Les secteurs d'activité seront alors sollicités pour fournir leurs données à ces appareils chargés de les collecter. Même la population est interpellée à ce niveau. Les formulaires de recensement, s'ils sont correctement renseignés, peuvent se révéler une mine d'or. Même le directeur général de l'Office national des statistiques, M.Khaled Berrah, est d'accord avec le constat, selon lequel le système national de la statistique demeure encore insuffisant. L'une des actions envisagées pour dépasser ces carences est le lancement des enquêtes économiques dès l'année 2010. Mais toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire. L'ONS n'arrive toujours pas à élaborer une nouvelle enquête sur la consommation des ménages. Certaines sources affirment que personne n'est pressé de découvrir que le pouvoir d'achat est tellement bas qu'il n'est plus en adéquation avec les besoins essentiels des travailleurs et de leurs familles. Ce ne sera pas la stratégie nationale sur la statistique engagée récemment qui changera grand-chose à cette réalité. Les mathématiciens maîtrisent bien les outils de travail. Mais ce ne sont pas eux qui décident des unités à mesurer et des paramètres qu'il faut porter à la connaissance du public. Même le Conseil national économique et social a réduit le rayon de son action. Des rapports ne sont plus effectués sur des problématiques spécifiques comme l'éducation, le système bancaire ou autres. Mais une fois que les statistiques sont produites, se pose le problème de leur interprétation. Le risque est de sombrer dans les analyses sectorielles, loin des connexions des différents domaines qui rendent mieux compte de l'évolution de la société. Si une société ou un pays investit de l'argent, il faut connaître les impacts sur l'emploi. Si des logements sont construits, il ne faut pas compter seulement les unités, mais l'impact sur les carrières et les autres producteurs d'intrants.