Ce n'est pas parce que le plan d'investissement public est très élevé qu'il ne faut pas contrôler les vannes. En 2010, tous les secteurs d'activités feront l'objet d'enquêtes économiques. La seule exception sera l'agriculture qui n'est pas concernée par ce chantier. En tout cas, le directeur général de l'Office national des statistiques, Khaled Mounir Berrah et le commissaire général à la planification et à la prospective, Sid-Ali Boukrami, ont expliqué que cette démarche est nécessaire pour pouvoir entamer des plans de développement basés sur des données fiables. Ces déclarations ont été faites hier à l'occasion d'une conférence maghrébine sur la statistique tenue à l'hôtel El Aurassi. Ces enquêtes se dérouleront au niveau national avec comme finalité de produire un éclairage sur les politiques économiques, est-il encore expliqué. L'initiative revêt une telle importance pour le gouvernement qu'une enveloppe budgétaire dont le montant n'a pas été révélé lui sera consacrée. Les dépenses sont déjà inscrites dans le cadre du projet de la loi de finances complémentaire de 2009. On sait déjà que les enquêtes vont toucher des domaines comme les services et l'industrie ainsi que toutes les unités de production de biens. Selon nos sources, toutes les entreprises de plus de 10 salariés seront concernées par cette démarche. Celles qui emploient moins de 10 salariés donneront lieu à une enquête mais uniquement sur la base d'un échantillon. Boukrami a précisé que le contexte de crise que connaît le monde actuellement ne doit pas être un frein à l'élaboration de telles démarches. C'est d'ailleurs en temps de crise que les économies des ressources se font le plus ressentir. En outre, le recensement répondra à une finalité qui est celle de l'utilisation des ressources financières du Plan de développement de 150 milliards de dollars sur cinq ans afin d'éviter les gaspillages. Le recensement aura des effets bénéfiques même au-delà de cette échéance car les cours de la production et de la consommation ne connaissent pas de limites dans le temps. L'Algérie veut même lancer une étude prospective pour obtenir des estimations sur le nombre d'habitants en 2040. Ce sera dans trente ans et cette période est un minimum pour prétendre disposer d'une stratégie et non seulement dans le domaine économique. Avant de parvenir à ces résultats, il y a lieu, selon les responsables de l'ONS et du commissariat à la prospective d'établir des connexions avec l'ensemble des centres de production des statistiques comme les ministères et les entreprises. A l'avenir, les informations statistiques devront être produites avec une périodicité trimestrielle. De cette manière, les données sur les ménages, les entreprises et les revenus seront disponibles pour alimenter les bases d'informations. Dans certains cas, il y a même des organismes et des associations privées qui fournissent des données statiques car ce domaine n'est pas une exclusivité de l'Etat. En Algérie, comme dans d'autres pays d'Afrique, certaines enquêtes comme celle effectuée par le ministère de la Solidarité sont financées par des organismes internationaux à l'instar du Pnud. C'est le cas pour le Forum des chefs d'entreprise qui effectue une étude mensuelle pour mesurer l'opinion des chefs d'entreprise sur la conjoncture économique. Les utilisateurs des données sont eux aussi, nombreux. La question de l'aptitude des pays africains à fournir des données les concernant a été un point qui a été soulevé lors des débats ayant suivi le cycle de conférences données par les experts. Des responsables de la Banque africaine de développement qui a coorganisé l'événement, ont souligné qu'il n'est plus admissible d'attendre des instituions de Washington comme la Banque mondiale de fournir des statistiques sur les pays du continent. Par cette suggestion, il est fait allusion au fait que les experts locaux sont tout aussi capables de mener des enquêtes fiables sur la situation économique de chaque pays. Encore faut-il savoir selon quels critères. Réagissant à une présentation de l'expérience européenne d'unification des modèles statistiques, un membre de la délégation mauritanienne a précisé que certains pays africains ne peuvent pas répondre à des standards d'excellence étant donné la faiblesse de leurs moyens. D'où la nécessité d'une coopération internationale et régionale.