Le vieillissement rampant de cette catégorie de travailleurs menace la sécurité alimentaire du pays. «34,84% de la population rurale est âgée de plus de 60 ans et son renouvellement est estimé à 8% par les moins de 30 ans, sur une population rurale estimée à plus de 13 millions d'habitants», a indiqué Ould Hocine Mohamed Cherif, président de la Chambre nationale de l'agriculture (CNA), lors de la présentation du rapport moral et financier de la CNA par le commissaire aux comptes Ahmed Limani, devant les représentants des 48 Chambres de l'agriculture de wilaya réunis hier en assemblée générale ordinaire. Ce constat, pour le moins inquiétant, indique aussi que «le taux de la frange des travailleurs agricoles âgés entre 51 et 60 ans est de 18,77%.» Le vieillissement rampant de cette catégorie de travailleurs, créateurs de richesses, fait craindre pour la sécurité alimentaire du pays. Soulignant que le monde rural, englobe près de 980 communes du pays sur un total de 1541, Ould Hocine a précisé que les agriculteurs sexagénaires, reconnus et toujours en activité, dépassent les 260.000 personnes, alors que ceux dont l'âge varie entre 51 et 60 ans, leur nombre se situe au-dessus de 163.000 agriculteurs. «Les jeunes agriculteurs dont l'âge se situe entre 31 et 40 ans ne sont que 4100, ce qui constitue un danger réel pour le devenir de l'agriculture. Aujourd'hui la "relève" peine à se constituer avec les quelque 8% de moins de 30 ans.» s'est-il alarmé. Abordant à ce propos l'arrivée encourageante des jeunes dans la filière, et l'engouement constaté, après la paix recouvrée, à travers l'accompagnement des jeunes par les dispositifs de l'Etat (Ansej, Angem, Cnac...), Ould Hocine dira que «sur 142.105 projets inscrits à l'Angem, (Agence nationale de gestion du micro-crédit), seuls 28.000 projets (20%) concernent l'agriculture». Ce sont, notamment des enfants d'agriculteurs qui ont bénéficié de ces projets. En ce qui concerne l'Ansej, (Agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes), «77.357 projets ont été réalisés dans l'agriculture sur les 190.000 recensés par l'agence». Pour ce qui est des projets financés par l'Ansej, il a précisé que, «765 plans sur les 12.102 unités financées, sont pilotés par des femmes». Ces dernières, a relevé le président de la CNA, ont besoin «de formation, de repères et d'encadrement, en un mot, toute une stratégie à développer en leur direction», sachant que le coût de création d'un emploi dans l'agriculture revient à 853.000 DA. A titre comparatif, sur les projets émis par des jeunes agriculteurs, il a cité les exemples du secteur de la pêche avec 566 dossiers satisfaits et l'hydraulique qui ne compte que quelque 300 dossiers finalisés. Concernant l'assurance individuelle pour la protection sociale de l'agriculteur, l'orateur a préconisé «l'obligation d'assurance» pour permettre aux jeunes, et moins jeunes, de bénéficier des allocations sociales (maladies, chômage, retraite, perte d'emploi...) et s'engager dans une carrière d'avenir. Ould Hocine a regretté par ailleurs que seulement 29% de la production agricole transitent par les marchés conventionnels, le reste passe à travers le marché informel pour l'approvisionnement desquels, 11 marchés informels de gros existent sur la seule place d'Alger.