Le président Bouteflika a exprimé, dans une interview accordée à l'APS, ses appréhensions quant à l'écart entre les régions et les déséquilibres entre « la dimension économique et la dimension sociale » dans le milieu rural. Il a ainsi ébauché la politique algérienne pour le développement rural. Une politique qui s'articule essentiellement autour de la sécurité alimentaire des ménages ruraux, le rétablissement des équilibres écologiques et l'amélioration des conditions de vie des populations rurales. L'alimentation en eau potable est également l'une des priorités du chef de l'Etat. Faisant un « diagnostic » de la situation, Abdelaziz Bouteflika a ainsi observé que « le poids de la population rurale, à fin 2005, est en progression, en comparaison avec 1998, même si en pourcentage par rapport à la population urbaine il baisse légèrement, 13,3 millions à la fin 2005, (40 %) contre 12,2 millions en 1998 (42 %) ». Le président algérien a relevé que 979 communes, sur les 1541 que compte le pays, sont considérées comme totalement rurales. Elles se répartissent comme suit : 622 communes sur 1071, soit 58% dans les wilayas du Nord, 246 communes sur 360, soit 68% dans les wilayas des Hauts-Plateaux, et 111 communes sur 164, soit 67% dans celles du Sud. L'indice de développement rural durable (IDRD) semble, par ailleurs, plutôt favorable. Il a progressé, a indiqué M. Bouteflika, substantiellement ces sept dernières années, passant de 0,31 en 1998 à 0,58 en 2005. Autre constat : 70% des populations rurales ont moins de 30 ans. Une situation d'autant plus délicate que ces jeunes ont du mal à trouver du travail en zones rurales. Le Président précisera, à ce propos, que « la nature des emplois en milieu rural et leurs structures (travaux saisonniers, irréguliers, créneaux limités, importance de l'emploi administratif...), renseignent sur leurs fragilités et limitent les projections pour une population majoritairement jeune. D'où la nécessité d'agir dans cette phase de mutation et de renouveau rural pour renforcer la diversité économique en milieu rural ». Le président Bouteflika estime ainsi que « la mutation du monde rural a besoin d'un accompagnement au plan financier pour que les activités et projets en milieu rural trouvent le soutien nécessaire à leur concrétisation ». Il rappellera les efforts consentis par le gouvernement à cet effet, comme la création du FNRDA, la création par la loi de finances pour 2003 du Fonds de développement rural et de la mise en valeur des terres par la concession (FDRMVTC), ainsi que le Fonds de la lutte contre la désertification et de développement du pastoralisme et de la steppe (FLDPPS). Crise hydrique Le président de la République exprime cependant quelques appréhensions liées aux « déséquilibres dans le développement global et entre la dimension économique et sociale ». Selon le président de la République, « l'écart mesurable varie de 1 à 20 au sein d'une même wilaya ». Le déséquilibre est encore plus prononcé entre la dimension économique et la dimension sociale du développement (la moyenne de l'indice humain et social est de 0,60, alors que celle de l'économie rurale est de 0,34). Les politiques suivies jusqu'ici, admet M. Bouteflika, ont soit négligé les activités économiques, soit orienté les subventions et investissements exclusivement ou quasi exclusivement dans des créneaux identifiés comme porteurs au regard de l'économie nationale, à l'image de l'agriculture. La stratégie nationale de développement du secteur de l'eau vise la sécurisation de l'alimentation en eau potable et l'amélioration du taux de couverture alimentaire à travers l'intensification de l'irrigation et le développement des superficies irriguées. Les potentialités en eau en Algérie sont globalement estimées à 19 milliards de mètres cubes/an. L'Algérie se situe, à l'instar des 17 pays africains touchés par le déficit hydrique, dans la catégorie des pays pauvres en ressources hydriques au regard du seuil de rareté fixé par le PNUD ou celui de rareté par la Banque mondiale à 1000 m3/hab/an. A ce jour, d'après M. Bouteflika, les ressources superficielles mobilisées, c'est-à-dire régularisées par les 57 grands barrages en exploitation, sont de 2,804 milliards de m3/an environ, sur une capacité de stockage de l'ordre de 5,705 milliards de mètres cubes. En ce qui concerne les eaux souterraines, les volumes exploités actuellement sont estimés à 3,5 milliards de mètres cubes/an. Au total, les volumes mobilisables à partir des eaux superficielles et souterraines sont de l'ordre de 6,3 milliards de mètres cubes. Ceant, les aléas climatiques observés ces deux dernières décennies ont mis en évidence le caractère très aléatoire des apports aux barrages et aux nappes souterraines, et ont sensibilisé les décideurs sur la nécessité de recourir aux ressources non conventionnelles (dessalement de l'eau de mer et réutilisation des eaux usées épurées).