Les résultats sont «très positifs» pour le RND, «positifs» pour le FLN, «mathématiquement attendus» par le MSP. Au lendemain de la proclamation des résultats préliminaires pour le renouvellement partiel des membres du Conseil de la Nation, chaque parti y est allé de son commentaire. Si chaque formation a préservé, dans une certaine mesure, sa position au sein de la Chambre haute, force est de constater que la carte politique nationale connaît un certain chamboulement. Doucement mais sûrement. Le dernier scrutin a été marqué par deux phénomènes majeurs: le retour fracassant du courant dit «démocrate-républicain» représenté par le Rassemblement national démocratique, et le recul de la mouvance islamiste qui multiplie les défaites. Si le MSP a réussi à sauvegarder 5 sièges, alors qu'il en détenait onze auparavant, le parti El Islah, pour sa part, n'a plus de représentant à la Chambre haute, n'ayant pas pu compenser la sortie de ses deux anciens élus. Le courant «novembriste» quant à lui, maintient toujours sa position de leader. Mais pour combien de temps? Au FLN, l'heure n'est pas à l'inquiétude. Saïd Bouhadja, porte-parole du parti, crie à qui veut l'entendre que son parti demeure «la première force politique» du pays et préserve la majorité au Sénat. «Nous avons atteint nos objectifs en remportant 23 sièges (Le FLN inclut le candidat indépendant qu'il a parrainé). Si l'on compte le tiers présidentiel, poursuit-il, je pense que les choses sont entièrement en notre faveur.» Mais dans les coulisses du FLN, la direction tablait sur un chiffre bien meilleur. Le parti voulait une majorité confortable afin de légitimer sa revendication qui lui est si chère: la présidence du Sénat, assurée actuellement par Abdelkader Bensalah, membre du tiers présidentiel et cadre du RND. Le FLN devra chercher un autre argument pour convaincre le président de la République - sachant que la décision finale lui revient - de nommer un FLNiste à la tête du Sénat. Force est de constater aussi que le vent de contestation qui souffle sur la maison FLN a porté préjudice au parti. Des dissidents de la dernière minute, décidément outrés par leur exclusion des listes électorales, ont opté pour un vote sanction. D'autres se sont présentés en candidats libres. Cette «indiscipline» a touché aussi le RND. Le cas le plus éloquent est enregistré à Oran, où le candidat du parti, pourtant donné favori, a essuyé un échec surprenant suite à l'appui apporté par les élus RND au candidat du FLN. Une autre alliance inattendue a fait la différence à Béjaïa. Dans cette wilaya, les dissidents du RCD et les indépendants ont donné l'avantage au candidat FLN. La dissidence n'a pas pour autant joué en faveur du MSP. Ses résultats confirment que le mal est beaucoup plus profond que l'on veut prétendre, même si M.Djemaï, porte- parole du parti, défend que «mathématiquement parlant et vu les résultats des communales, l'on ne pouvait pas espérer mieux.» Par ailleurs, Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND, est plus que rassuré. Sa formation a réalisé des résultats «qui vont au-delà des prévisions». Evoquant les raisons de cet exploit, le parti met en exergue l'intérêt accordé au choix des candidats parmi les plus crédibles et les plus performants, tant du point de vue du militantisme que de la popularité, saluant l'adhésion au parti et à ses principes qui sont consacrés au service de l'Etat et de la société. En aucun cas, il n'est mentionné, dans le communiqué diffusé par le parti, «le pacte politique avec le PT». Contacté par nos soins, Miloud Chorfi, porte-parole du parti, s'est contenté d'adresser ses félicitations aux élus du PT. Ce dernier insiste sur ce retour fort du RND. «Nous avançons sereinement et sagement. Le RND retrouve sa cohésion et une place de force politique», soutient le Parti des travailleurs. Rappelons que les partis de l'Alliance présidentielle (FLN, RND et MSP) ont remporté 44 sièges sur les 48 mis en jeu. Chacune des trois formations a exprimé son désir de poursuivre cette union politique. Réagissant à une information rapportée par les médias concernant le pacte politique conclu entre le RND et le PT, le MSP a indiqué dans un communiqué que «l'Alliance présidentielle se poursuivra quels que soient les résultats des élections du renouvellement partiel» et que «l'évaluation sera opérée dans un cadre légal suivant les délais fixés». «Tout rapprochement opéré en dehors de l'espace de l'Alliance présidentielle est inscrit dans le contexte de "la coopération technique" qui revient de droit à chacune de ses parties, à condition qu'elle ne transgresse pas l'accord écrit et signé le 16 février 2004», a souligné le MSP. Le FLN, par la voix de M.Bouhadja, estime que le pacte PT-RND renforcera l'Alliance. Quant au RND, il estime que ce pacte ne pourrait en aucun cas remettre en cause l'Alliance présidentielle. L'avenir nous dira un peu plus sur l'engagement des uns et des autres. Le renouvellement partiel s'achèvera avec la nomination des membres du tiers présidentiel. Le Président a jusqu'à la fin du mois de janvier pour révéler la liste. La nouvelle composante du Sénat sera installée avant la fin de la session d'automne prévue pour le 2 février.