L'objectif d'intensifier les échanges économiques et financiers entre les Etats de l'UMA est réaffirmé par Medelci. Les gouvernements des cinq Etats membres de l'UMA ne sont plus dans la capacité de financer une Banque maghrébine d'investissement et de commerce. Ce projet était initialement prévu pour être soutenu par des fonds publics. Mais voilà que les gouvernements des cinq Etats membres de l'UMA ont changé leur fusil d'épaule. Ils recherchent des financements privés. Mais ces derniers tardent, eux aussi, à venir. D'où le blocage de l'institution. C'est ce constat qui a été fait par le ministre des Affaires étrangères, M.Mourad Medelci, mardi dernier à Tripoli (Libye). En termes diplomatiques, il a souligné que davantage de clarifications sur les mécanismes de gestion de la banque s'imposaient. Il s'agit des structures de direction et des parties qui prendront en charge le financement du projet. Ce sont là des conditions à réunir avant la tenue de l'assemblée constitutive et la ratification du statut de la banque qui devrait voir le jour en 2010. Le conseil d'administration sera présidé par l'Algérie. Ce retard risque de compromettre l'espoir de parvenir à une coopération plus prononcée et à une complémentarité économique entre les Etats de la région. Une étude a été réalisée sur ce dossier par un bureau d'expertise. Comme si cela ne suffisait pas, le ministre propose la mise en place d'un comité qui évaluera cette étude et qui soumettra un rapport au Conseil des ministres des Affaires étrangères lors de sa prochaine session. Cet enlisement de l'UMA est confirmé par les propos du ministre qui propose de revoir la méthode de travail de l'UMA et d'amorcer la réforme des institutions du groupe. Un projet d'instauration d'une zone de libre- échange et d'une communauté économique maghrébine sont aussi à l'étude. Tout comme le projet relatif à la création d'une monnaie unique maghrébine. Ce projet est porté par l'Union des banques maghrébines qui l'avait inscrit dans son plan d'action dès 2002. Cela devait être un jalon de plus dans la voie de l'intégration économique maghrébine. Or, dès 2005, les Banques centrales maghrébines l'ont jugé inopportun. Les ministres des Finances et les gouverneurs des Banques centrales sont revenus à la charge une année plus tard. Car une Union économique et monétaire est aussi visée. Il s'agit de la diminution des coûts des transactions entre pays de la zone et de la réduction des incertitudes liées au taux de change des monnaies de chaque pays. La transparence des prix libellés dans la même monnaie entraîne une plus grande concurrence des entreprises dans le marché commun. A cela s'ajoute la stabilité des prix. Ce projet n'est pas dénué d'inconvénients. Cela se soldera par l'impossibilité de réaliser des politiques monétaires au niveau national. Il n'y aura pas de changement dans les taux de change pour répondre aux crises économiques de chaque pays, ni de modification des taux d'intérêts. Il sera également nécessaire d'opérer des transferts des richesses vers des pays de la zone les plus défavorisés pour atteindre l'objectif de convergence entre Etats. Pourtant, la crise économique mondiale a révélé que de nombreuses parties du monde pourraient réduire leur vulnérabilité aux chocs extérieurs grâce à l'intégration dans un ensemble viable. En effet, l'intégration régionale permettra de créer un marché de plus de 85 millions de personnes qui sont autant de consommateurs. Le renforcement des systèmes financiers de la région limiterait ainsi les risques de déstabilisation financière. L'exploitation des avantages comparatifs intrarégionaux pourrait relever l'investissement et la productivité du secteur privé. Son dynamisme, son ingénuité et sa créativité auront un rôle essentiel dans la réussite de l'intégration régionale. Des plans d'actions ont été établis lors des conférences régionales à Alger, Rabat, Tunis et Tripoli depuis 2005. Or, les progrès réalisés restent limités. Il en est de même pour l'objectif de facilitation du commerce. Des conférences sont organisées avec l'aide du FMI sur la facilitation des échanges commerciaux, mais le commerce intermaghrébin représente encore moins de 3% du total des échanges des cinq pays du Maghreb. Il faut alors réduire davantage les obstacles aux échanges au sein du Maghreb en étendant, par exemple, au commerce intrarégional les préférences tarifaires accordées à l'Union européenne et en harmonisant les dispositions juridiques applicables en matière de règles d'origine, de procédures et de normes. Pourtant, des projets de zones de libre-échange, dans les pays arabes, sous-tendent ces stratégies.