ême si rien ne prédisposait le leader charismatique du FFS à verser corps et âme dans l'opposition, il faut dire qu'à la longue, il a fini par y prendre goût. Hocine Aït Ahmed est né le 20 août 1926 à Aïn El-Hammam, wilaya de Tizi Ouzou. Fils de caïd, issu d'une grande famille de marabouts, le jeune Aït Ahmed a toujours su maîtriser les deux langues, développant un «berbérisme» inscrit en droite ligne du nationalisme algérien, ce qui n'a pas toujours été au goût de la jeune génération, entrée clandestinement au FFS dans les années 80, dont le docteur Sadi, et qui a fini par créer le RCD par la suite. Mais nous n'en sommes pas encore là. Aït Ahmed, responsable pendant un temps de l'OS (Organisation spéciale) avant de devenir l'un des principaux animateurs du groupe qui a déclenché la Guerre de Libération nationale, le 1er Novembre 54, une fois échouées les tentatives visant à réconcilier les centralistes et les messalistes du PPA-MTLD. Il a, par la suite, fait partie des dirigeants du FLN avant que l'avion qui le transportait, lui, Ben Bella, Boudiaf, Bitat et Khider, ne fasse l'objet, en 56, du premier acte de piraterie aérienne de la part des autorités françaises. Il finira la guerre en prison après un brillant début de carrière diplomatique dont il gardera toujours les «séquelles», préférant toujours interpeller la communauté internationale et l'ONU quand il s'agit de forcer la main au pouvoir algérien. A sa libération, Aït Ahmed, selon de nombreux témoignages, a été le seul à demander la mise en place d'une démocratie pluraliste, avec l'élection d'une Assemblée constituante. Un maquis sera même monté en Kabylie, après avoir été élu à l'Assemblée constituante et désigné comme membre du Gpra. Il restera en prison jusqu'en 66, date à laquelle il réussit à s'en évader. Depuis, le leader charismatique du FFS traîne derrière lui de très longues années d'exil, entrecoupées par de très courts passages par l'Algérie après être rentré «définitivement» au pays à la suite des événements d'octobre 88 et de l'adoption de la Constitution de 89, venue consacrer le pluralisme politique. Il repartira bien vite une fois interrompu le processus électoral, «un putsch» selon lui, et brisée la dynamique démocratique et citoyenne que cherchait à insuffler son parti à la société algérienne à travers la gigantesque marche du 2 janvier 92. Après l'assassinat de Boudiaf, selon Aït Ahmed lui-même, Nezzar, alors ministre de la Défense et membre du HCE, lui propose la présidence de l'Etat. Il refuse, préférant prendre part à la signature du «Contrat national», ce qui lui vaudra le qualificatif de traître, lui, l'ultime survivant des historiques qui se trouvent derrière la libération de l'Algérie. Les choses iront de mal en pis, puisque le FFS ne se taira jamais, en appelant à une commission d'enquête internationale, multipliant les pressions mondiales sur le pouvoir algérien jusqu'à l'arrivée, en 99, de Bouteflika à la présidence et le soutien international dont il jouit de la part de toutes les puissances de la planète. La rupture avec l'IS ayant fini par être consommée, le FFS s'est vu forcé de réviser sa copie et de contracter une sorte de «pacte» avec le Président Bouteflika après l'échec plus ou moins consommé de son appel au rejet des élections législatives du 30 mai dernier. Le FFS donne l'air d'être la seule force politique capable de renverser la vapeur en Kabylie. Il s'est jeté dans la mêlée avec des arguments, des atouts et un passé majeurs. En contrepartie, la présidence a forcément dû promettre des concessions de taille, celles-là mêmes qui doivent motiver la campagne enragée déclenchée contre Bouteflika depuis plusieurs semaines. Les jeux ne sont pas faits même si rien ne va plus...