«A chaque fois, j'ai le coeur brisé de ne pouvoir accueillir un public très nombreux par faute de places», a déploré Rachid Guerbas. En cette fin de décembre et de l'année 2009, la salle Ibn Zeydoun a été un espace qui a abrité une grande soirée instrumentale et orchestrale typiquement et foncièrement acoustique. Un pur bonheur pour un public averti. Et contre toute attente, très jeune, réceptif et acquis à ces musiques savantes. Ainsi, durant une dizaine de jours, les amateurs de musique andalouse et autres sonorités «avoisinantes» se sont délectés avec l'ensemble de musiques de divers horizons et des musiciens nationaux ou étrangers, participants... Le Festival international de musique andalouse et des musiques anciennes, aura été un pur bonheur pour les mélomanes et surtout un public jeune. «Les soirées, clôturées mercredi soir, étaient toutes fantastiques», a estimé le commissaire de cet évènement culturel, Rachid Guerbas. «C'est trop tôt pour évaluer la 4e édition de ce festival. Je peux toutefois affirmer une chose: les soirées ont toutes été fantastiques de par la présence des musiciens que nous avons invités», a déclaré M.Guerbas après la cérémonie de clôture. Il s'est également réjoui du fait que ce festival soit institué comme plusieurs autres festivals. «Nous sommes maintenant dans une situation où la pérennité est la règle qui gère l'art. Il n'y a plus de festivals fragilisés, décidés au dernier moment. Nous comptons en Algérie près d'une centaine de festivals, il y a de quoi être fiers», s'est-il félicité. M.Guerbas a reconnu que «des choses restent quand même à améliorer» dans le Festival international de musique andalouse, soulignant l'impérative nécessité de «construire une vraie salle dédiée à ce genre de musique avec une acoustique adéquate». «La salle Ibn Zeydoun, dans laquelle le festival s'est déroulé, a une très bonne équipe technique qui fait un travail formidable, mais il y a réellement lieu d'oeuvrer à construire une salle dédiée à ce genre de musiques», a-t-il recommandé. Le commissaire du festival a également soulevé le problème de places qui ne suffisent pas pour recevoir le public qui vient assister aux soirées. «A chaque fois, j'ai le coeur brisé de ne pouvoir accueillir un public, très nombreux, par faute de places», a-t-il déploré, relevant que les mélomanes de la musique andalouse «assistent aux soirées dans une ambiance familiale». S'agissant de l'Ensemble national de musique andalouse, qui comprend des musiciens des trois ensembles régionaux (Alger, Constantine et Tlemcen) et qui a animé la cérémonie de clôture, M.Guerbas a indiqué qu'il a plusieurs missions, dont celle de la préservation de ce patrimoine qui est «menacé d'apports étrangers non maîtrisés». «Cet ensemble joue le répertoire traditionnel tout en mettant en relief ce qui réunit les trois écoles de musique andalouse (San'a, Malûf et Gharnati) ainsi que les cohérences dans les enchaînements entre les différentes parties de la nouba», a expliqué M.Guerbas. Le 4e Festival international de musique andalouse et des musiques anciennes a vu la participation de groupes de musiques anciennes en provenance d'une dizaine de pays ainsi que des associations nationales de musique andalouse. Un hommage a été rendu au défunt cheikh Hassan La'ribi, interprète du malûf libyen, décédé le 18 avril 2009 et qui a déjà participé à deux éditions de ce festival. Outre les soirées musicales, une série de conférences thématiques ont été animées par des chercheurs en musique, ayant abordé les thèmes «Les transformations de la musique iranienne au début du XXe siècle», «Florilège de la poésie andalouse au féminin», «Le malûf tunisien, contenus et formes» et «Place de la tradition orale dans la culture musicale européenne aujourd'hui». Un concours de mandoline a été organisé. Un prix d'encouragement a été décerné aux jeunes mandolinistes Aladdine Amine Ben Safir et Khaled Saïd. M.Guerbas avait indiqué à l'ouverture qui a eu lieu le 21 décembre que «cette manifestation est un espace privilégié des nobles et exigeantes convergences musicales et artistiques. Elle reste fidèle à son credo: la fraternité internationale». Il avait ajouté que le festival «se veut une dynamique scène du généreux partage, un lieu où chacun s'enrichit de la culture et de l'expérience de l'autre, où chacun prend conscience du fabuleux trésor qu'il doit à l'autre et du privilège que chacun a de se reconnaître dans l'autre».