Le maire perd ses derniers soutiens dans la commune et la population se retourne contre lui exigeant son départ. Les citoyens du village de Tizi El Korn, chef-lieu de la commune de Taourirt Ighil, dans la wilaya de Béjaïa, sont en colère. Depuis hier, ils ont mis sous scellés le siège de leur commune exigeant «le départ sans conditions du président de l'APC» et «une commission d'enquête sur la gestion de la commune». Selon un villageois frondeur, il est reproché au premier magistrat issu du même village «une gestion douteuse» des affaires communales. Les citoyens étaient, hier, nombreux à crier, à l'unisson, toutes les insuffisances qui touchent de plein fouet leur quotidien. Point d'infrastructures sportives et culturelles, pas de recrutements suspectés, une école primaire démolie. Quant à l'assainissement, à l'éclairage public, au bitumage des artères du village, ils font défaut. Toute une plate-forme de revendications transmise aux parties concernées dont la wilaya et la daïra, depuis une semaine. L'absence de réaction a provoqué la colère de ces villageois qui sont passés, depuis hier matin, à l'action. Le départ du maire figure en première position des exigences des villageois qui veulent également vérifier la gestion de leur commune. Ainsi, le maire de Taourit Ighil est lâché par les siens. Issu de la majorité FFS, M.Ali Saâd a eu, depuis son arrivée aux commandes de la municipalité, à affronter bien des situations délicates. Il fut alors longtemps soutenu dans le conflit qui l'a opposé à d'autres villages de la commune et le mouvement associatif par ceux-là mêmes qui l'ont empêché, hier, d'accéder à son bureau de président d'APC. Un revirement de situation, en somme, qui illustre tout le marasme régnant en maître dans cette commune rurale dépourvue de ressources à même de lui permettre de prendre son envol. Et lorsque la gestion fait des siennes, cela donne lieu à des situations conflictuelles interminables. Récemment encore, les membres de la coordination des comités de village et du mouvement associatif de la commune de Taourirt Ighil, dans la daïra d'Adekar, ne sont pas allés de main morte pour vilipender, de manière très acerbe, les élus, à leur tête, le maire ainsi que le chef de daïra. D'une certaine manière, ils les accusent de freiner, quelque part, les actions de développement engagées par le wali. Tout récemment, ils ont rendu publiques pas moins de trois déclarations où ils ont rappelé leur «formidable mobilisation pour faire aboutir leurs revendications qui consistent en la réhabilitation du chef-lieu de leur commune à travers la réhabilitation et la mise en service de toutes les infrastructures publiques, laissées à l'abandon ou, pour d'autres, détournées de leur mission initiale, à l'image du siège de la mairie, de l'agence postale, l'école primaire, la zone d'activité, les lotissements n°1 et 2, lotissement social, routes, éclairage public etc...» Mais tout en notant avec satisfaction certaines réalisations qui commencent à voir le jour, comme la mise en service de l'UDS (unité de dépistage et de suivi), l'agence postale, le siège de la mairie et l'aménagement urbain, grâce à l'action de développement entreprise par les autorités de la wilaya, ils relèvent toutefois et avec amertume que «les responsables à tous les niveaux de la daïra d'Adekar, chargés de l'exécution sur le terrain des mesures prises, continuent à faire preuve de lenteur et de manque de maîtrise, dus à l'incompétence et dont les stigmates sont visibles partout dans notre région». Partant, ils ont demandé au wali «de mettre sous son autorité la gestion de la commune conformément au Code de wilaya». A noter que depuis les dernières élections locales, un conflit entre villages a refait surface pour diverses raisons jugées majeures. Le maire avait décidé de transférer le siège de l'APC de Taourirt Ighil vers celui de Tizi El Korn.