Les villageois exigent, outre le départ du maire, une enquête sur la gestion communale. Depuis le 29 mars dernier, le siège communal de Taourirt Ighil dans la wilaya de Béjaïa est fermé. Aucun service ne fonctionne depuis. Les habitants du village de Tizi El Korn, chef-lieu de la commune de Taourirt Ighil, qui étaient revenus à la charge la fin du mois dernier, l'ont décidé ainsi. Ne décolérant pas, ils continuent à exiger «le départ sans condition du président de l'APC» et «une commission d'enquête sur la gestion de la commune». Selon un villageois frondeur, il est toujours reproché au premier magistrat, issu du même village, «une gestion douteuse» des affaires communales. Contacté par téléphone le jour même de la fermeture, le maire de cette localité n'était pas à son bureau. Il déclarait alors, en réaction à la manifestation du jour qui le vise en personne, que «la fermeture de l'APC est l'oeuvre de quatre personnes et non du village Tizi El Korn». Mohand Youcef, un des représentants du village, indiquait hier que «la mise sous scellé demeurera en vigueur jusqu'à la satisfaction de nos revendications». La situation se corse dans la commune de Taourirt Ighil. Le bras de fer engagé le 4 janvier dernier a repris de plus belle et s'installe dans la durée. Selon le représentant des villageois, l'autorisation exceptionnelle faite quant à la réouverture du service de l'état civil pour ne pas trop pénaliser les citoyens a été «bloquée par le maire». «C'est lui qui a empêché les employés de rejoindre leur postes de travail», indiquait Mohand Youcef, qui s'exprimait au nom des villageois de Tizi El Korn. Des citoyens n'avaient de voix, hier, que pour le départ du premier magistrat de la commune. A l'unisson, ils mettent en exergue toutes les insuffisances qui touchent de plein fouet leur quotidien. Point d'infrastructures sportives et culturelles, recrutements suspect, une école primaire démolie. Quant à l'assainissement, l'éclairage public et le bitumage des artères du village font défaut. Les partis politiques, dont celui auquel appartient le maire décrié, n'ont pas bronché pour l'instant quand bien même la situation exige d'eux une prise de position pour dénouer un conflit qui tend vers le pourrissement. Issu du FFS, le maire n'a pas subi de levée de couverture politique. Ce qui sous-entend un soutien à peine voilé de sa formation politique. Cette dernière risque de prendre un coup dur si la situation ne trouve pas d'issue rapidement. L'absence de réaction a provoqué dans un premier temps la colère de ces villageois qui sont passés, début janvier, à l'action. Le départ du maire figurait déjà en première position des exigences des villageois qui veulent également vérifier la gestion de leur commune. Ils suspendront rapidement le blocus du siège suite aux promesses d'interventions, a-t-on indiqué hier. Près d'un mois après, rien n'est venu calmer les esprits. D'où ce retour à la charge, parti pour durer dans le temps, selon les dires des manifestants. Le maire, Ali Saâd, a eu, depuis son arrivée aux commandes de la municipalité, à affronter bien des situations délicates. Le mouvement associatif, les comités de village se sont régulièrement manifestés, illustrant tout le marasme régnant en maître dans cette commune rurale dépourvue de ressources à même de lui permettre de prendre son envol. La wilaya n'est pas restée en marge de la situation. Le chef de l'exécutif a, certes, rencontré les citoyens frondeurs pour conclure «au lancement d'une enquête approfondie», soulignait hier notre interlocuteur, qui regrette toutefois qu'«à ce jour rien n'a été fait». Seule une enquête peut dénouer la crise dans cette commune.