Grand ou petit, le banditisme utilise les mêmes méthodes et les mêmes techniques. Les arrestations spectaculaires de gangs mafieux opérées avant-hier par les services de sécurité ne sont pas les premières. Le trafic d'armes et de drogue, la prostitution, le pillage de sable, la falsification de documents en tout genre font presque partie du quotidien du terrorisme. En effet, les groupes mafieux démantelés cette semaine par la police judiciaire remplissaient toutes les particularités d'un phénomène grandissant dans la société algérienne. Les membres de ces trois groupes sont accusés de faux et usage de faux, de violation de domicile, de fausse monnaie européenne et de trafic de drogue. La détention d'armes reste très prévisible selon des sources policières qui mènent toujours l'enquête d'autant plus que deux dangereux trafiquants sont encore en fuite. Des réseaux mafieux agissant, notamment, dans les milieux d'affaires et urbains, les services de sécurité en ont démantelé des dizaines au cours de ces dernières années. Lorsque les services de sécurité démantèlent un groupe mafieux, ils récupèrent généralement les mêmes objets que ceux des réseaux terroristes: des armes, des faux documents et des moyens informatiques hypersophistiqués. C'est là une des particularités. L'autre particularité, et non moins regrettable, c'est que beaucoup d'enquêtes ne révèlent jamais les têtes pensantes. Grand ou petit le banditisme utilise les mêmes méthodes, et les mêmes techniques. Il est corrompu et corrupteur. Dans toutes les affaires et tous les scandales qui ont marqué l'Algérie, l'on s'aperçoit toujours de complicités à l'intérieur des différentes administrations. La première affaire démontrant clairement les liens avec le terrorisme a été celle du réseau de blanchiment d'argent des groupes terroristes mis hors d'état de nuire le printemps dernier. Des milliards de dinars et des devises ont été introduits dans le circuit financier du pays déjà affaibli par des détournements et des scandales bancaires. Aucune richesse n'a échappé aux groupes d'intérêts mafieux. Profitant du climat d'insécurité et de la faiblesse des institutions de l'Etat, ces richesses ont été injectées dans les circuits informels. Parmi elles, le sable. Un marché illicite dont la valeur est inestimable. La côte algérienne agonise sous les coups de pelles et les camions sous le regard parfois impuissants de la justice. Lorsqu'on se limite à couper les tentacules de cette mafia qui prend de plus en plus d'ampleur, le fléau ne sera pas éradiqué de sitôt. Tout comme le trafic de drogue qui se propage essentiellement à partir de l'ouest du pays. L'arrestation de plusieurs membres spécialisés dans ce trafic à Tlemcen, n'a,semble-t-il pas coupé les ponts entre le pays fournisseur et l'Algérie. En effet, le journal qui avait rapporté la genèse de l'affaire a fait l'objet de sérieuses menaces de la part du principal accusé, un fournisseur marocain. Jouissant d'une totale impunité dans son pays, ce dernier a révélé à travers sa lettre de menace qu'il pourra «faire la peau du personnel du journal à travers ses amis Alger et d'Oran». Qui sont ces amis qui ont le pouvoir de frapper à n'importe quel moment? Quel serait leur capacité de nuisance? La réponse à ces questions est d'autant plus difficile sachant jusqu'où pourra aller le banditisme en Algérie et jusqu'à quel niveau il est enraciné dans les différentes institutions de l'Etat.