Les USA essayent d'obtenir des accords de non-extradition avec des pays tiers. L'ONU tente depuis quelques années de se moderniser et de se mettre en phase avec le développement induit par la mondialisation. L'un des paramètres de cette modernisation passe par le dépoussiérage de son système pour qu'il devienne effectivement représentatif des demandes et besoin de la communauté internationale. La création de la Cour pénale internationale (CPI) répondait à ce besoin et allait dans le sens des nouvelles obligations des Nations unies. Cependant ce que d'aucuns ont considéré comme un grand moment de l'institution internationale, depuis ses origines, s'est quelque peu dilué dans la prétention des Etats-Unis de faire exempter ses ressortissants d'avoir à connaître des rigueurs de la loi internationale. Ainsi, Washington veut que les citoyens américains soient placés au-dessus des lois internationales, auxquelles sont, ou seront, soumis l'ensemble des citoyens du monde. Disposant déjà du droit de veto au Conseil de sécurité, dont les Etats-Unis sont l'un des rares détenteurs à en user fréquemment, Washington, en s'opposant à la CPI, veut faire des Américains de supercitoyens. En 1998, lors de la conférence de Rome, Washington a consacré d'énormes efforts à empêcher la création de la CPI, entrée officiellement en vigueur le 1er juillet dernier. Depuis, pour contourner cette réalité, les Etats-Unis s'adonnent à des manoeuvres de coulisses tendant à vider la Cour pénale internationale de son principe. Parmi ces manoeuvres figurent les démarches qu'effectue Washington auprès de pays européens en vue de conclure avec eux des accords de non-extradition de citoyens américains vers la CPI. C'est ainsi que les Etats-Unis ont pu, ces derniers jours, signer un accord dans ce sens avec la Roumanie. Cette ouverture en Europe, Washington veut l'étendre à d'autres pays européens. Oslo, sollicité par Washington, a dit non considérer que la Norvège - qui s'aligne sur la position de l'UE, quoique n'en faisant pas partie -, ne «peut accepter cela». De fait, face aux sollicitations américaines, la Commission européenne a réagi hier en appelant les pays candidats à l'UE de ne pas suivre l'exemple roumain. Bruxelles souhaite que «les autres pays candidats qui ont également été approchés par les Etats-Unis, pour l'instant en tout cas, se gardent de franchir un pas de plus et d'accepter de signer un tel accord». La Commission européenne avait auparavant, le 1er août, «regretté» la signature par Bucarest d'un accord bilatéral avec Washington en vertu duquel les deus pays s'engagent «à ne pas extrader vers la CPI un ressortissant de l'autre pays qui serait réclamé par la Cour». Un manière pour les Etats-Unis d'éroder les fondements de la Cour pénale internationale avant même qu'elle ne se soit mise au travail. En refusant de ratifier le Traité de Rome, créant la CPI, les Etats-Unis ont instauré un climat de malaise avec leurs partenaires européens et internationaux. Cela est d'autant plus regrettable que la CPI a pour objet de réprimer les crimes de génocide, crimes de guerre et autres traitements inhumains. Les citoyens américains doivent-ils être exemptés des lois communes s'appliquant aux autres citoyens du monde? C'est à l'évidence ce que pense Washington.