Les perspectives de conclusion d'un " pacte mondial ", sur les changements climatiques à Copenhague se sont rapidement évanouies. Lors du sommet de la coopération économique Asie-Pacifique (Apec), qui s'est tenu à Singapour à la mi-novembre, les dirigeants politiques ont conclu qu'il n'était pas possible de signer un accord juridiquement contraignant à Copenhague, étant donné les nombreuses questions qui restent sans solution. L'objectif est désormais de faire une déclaration politique, estime M. Martin Khor, directeur exécutif du Centre sud. En d'autres termes, la conférence de Copenhague organisée par la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), prévue du 7 au 18 décembre, pourrait déboucher sur l'adoption de principes qui auront probablement été convenus au préalable, et peut - être même utiliser une formalité déjà convenue au sujet des paramètres à partir desquels continuer les discussions pendant encore six à douze mois. Cependant, il ne devrait y avoir aucune raison de se complaire à ce qu'aucune décision significative ne soit prise à Conpenhague. Si aucun accord final ne peut être trouvé, l'on peut s'attendre à ce que certaines parties, surtout les pays développés, essaient d'obtenir une sorte d'accord - cadre qui refléterait leurs propositions phares et qui formera la base et établira les paramètres d'autres négociations en 2010. Un tel accord pourrait ressembler au "paquet de juillet" de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). En effet, en juillet 2004, bien qu'il ait été impossible d'achever le programme de travail de Doha, les membres de l'OMC ont convenu d'un accord - cadre établissant les principes, les paramètres et les formules, devenus la base de beaucoup de négociations des cinq années qui ont suivi. Le cadre fixe, par conséquent, verrouille la structure et les paramètres et même la méthode de calcul des chiffres finaux. C'est donc l'aspect le plus important de l'accord final. Ainsi, Copenhague pourrait, après tout, devenir une réunion où sont prises des décisions capitales. Il se peut que la conférence ne parvienne pas à " sceller l'accord " (comme le dit le slogan du SG de l'ONU), mais qu'elle définisse la structure et la base d'un accord, laissant pour plus tard la détermination des chiffres exacts. Les pays en développement doivent donc être extrêmement vigilants et prêts à mener les batailles difficiles et complexes jusqu'au dernier jour. Le même analyste estime, en ce qui concerne les principaux problèmes auxquels se heurteront les pays en développement lors de la conférence de Copenhague, que plusieurs points de désaccord sont loin d'être résolus. Ceux-ci seront au cœur des négociations de Copenhague et de celles qui suivront. L'un des premiers points de désaccord concerne l'architecture du dispositif mondial sur les changements climatiques. Actuellement, le dispositif est fait de la CCNUCC et du protocole de Kyoto. Les pays développés membres du protocole (ne comptant pas les Etats-Unis) ont pris des engagements juridiquement contraignants à l'échelle internationale pour la première période d'engagement dudit protocole visant à réduire leurs émissions, d'ici à 2012, de 5,2% en moyenne par rapport aux niveaux de 1990, chaque pays ayant des objectifs individuels. Le groupe de travail du protocole de Kyoto mène les négociations depuis 2005 sur les engagements conjoints de réduction pour la deuxième période d'engagement qui commencera en 2013. Plus loin, M. Khor souligne, bien qu'avec du recul, l'abandon du protocole de Kyoto ait été prévisible (plusieurs pays développés l'avaient sous-entendu dans leurs propositions au début de l'année), les pays en développement ont été surpris lorsqu'ils se sont rendu compte que le dernier membre développé défendant le protocole de Kyoto, l'Union européenne, avait également décidé de passer à un "nouvel accord unique" qu'il veut négocier au sein du groupe de travail de l'action concertée. Le groupe des 77 (G77) plus la Chine a clairement affirmé à Bangkok et Barcelone qu'il n'accepterait par cette renonciation des pays développés au dispositif juridiquement contraignant à l'échelle internationale en faveur d'un système velléitaire d'engagements recommandés mais non contraignants. Ils ont demandé aux pays développés membres du protocole de Kyoto d'achever les négociations concernant la deuxième période d'engagement, tout en affirmant qu'un engagement américain comparable pouvait être convenu au titre de la convention. La Chine a dénoncé que les pays développés, tentant de passer du protocole de Kyoto à un nouvel accord velléitaire, essayent de "se décharger massivement" de leurs responsabilités. Elle a ajouté que les deux trains à destination de Copenhague étaient sur le point de dérailler. Selon la Chine, le train du protocole est prêt à basculer et, le cas échéant, ses débris recouvreront les rails du deuxième train, celui du groupe de travail de l'action concertée, qui pourra se renverser aussi. D'autres pays en développement ou groupements ont fait des déclarations similaires. En conclusion, il estime que telles sont certaines des principales questions sources de grandes divergences, surtout entre pays développés et pays en développement. Même s'il est trop tard pour qu'un long document juridiquement contraignant soit produit à l'issue de la conférence de Copenhague et même si l'on s'attend plus qu'à une "déclaration politique", ces questions constitueront tout de même des bases de négociations de ladite déclaration.