Le président de la Commission de surveillance des opérations en bourse (Cosob), M. Ali Sadmi, évalue dans l'entretien qu'il nous a accordé le plan de modernisation de la bourse d'Alger. Le Maghreb : Le marché boursier n'arrive pas à décoller. A votre avis, quelles en sont les causes ? Un des rôles assignés par les pouvoirs publics à la Bourse d'Alger est celui d'un instrument d'exécution du programme de privatisation d'entreprises publiques par recours aux mécanismes du marché financier. Aussi l'essor de la Bourse d'Alger est largement dépendant de la mise en œuvre de ce mécanisme. La Bourse d'Alger est appelée, aujourd'hui après que le processus de privatisation ait été relancé, à se mettre en phase. Elle est censée en constituer l'un des leviers. Dans nombre d'économies en transition, la privatisation par la bourse a fonctionné. La Bourse d'Alger, est-elle en mesure de relever ce défi dans un contexte changeant? Je dois vous rappeler que la Bourse d'Alger a réussi, dans les six premiers mois qui ont suivi son inauguration, à introduire et à coter, dans des conditions jugées très satisfaisantes, trois titres de capital (Eriad Sétif, Saidal et El Aurassi et un titre de créance (Sonatrach). L'engouement des investisseurs a dépassé toutes les attentes et le travail des intermédiaires financiers a été très professionnel. Pourquoi voulez-vous qu'elle ne réussisse pas, aujourd'hui, ce qu'elle a si bien fait, il y a dix ans ? Ces deux dernières années, la Bourse d'Alger a également bien réagi avec l'introduction de trois titres obligataires et dont l'encours est de plus de 50 milliards de DA. Il est vrai que la confiance de l'investisseur pour les titres de capital s'est quelque peu érodée. Nous travaillons actuellement à la rétablir. Afin de pouvoir s'adapter à un contexte changeant, comme vous le dites, la Bourse d'Alger doit atteindre une profondeur de marché qui la mette à l'abri des soubresauts d'une conjoncture défavorable. Quels sont les projets de la COSOB ? Après avoir mené à terme le projet de mise en place du dépositaire central des titres, la COSOB a, en concertation avec les acteurs de la place financière et avec le concours d'un expert étranger des marchés financiers émergents, élaboré un plan de modernisation et de développement de la bourse d'Alger. Ce plan, approuvé par le ministère des Finances, sera mis en œuvre au courant de cet exercice et s'étalera sur deux ans. Ce projet vise à moderniser le fonctionnement des acteurs (bourse et intermédiaires en opérations de bourse) et é définir les actions à mettre en œuvre en vue d'une alimentation régulière du marché en titres nouveaux. Nous travaillons également à la consolidation du marché obligataire, qui depuis l'année 2003, ne cesse de se développer. Dans ce cadre, la Cosob a rendu obligatoire, l'introduction en bourse des emprunts destinés au grand public et c'est avec une grande satisfaction que nous avons enregistré l'introduction en bourse des titres obligataires de Sonelgaz, Algérie Télécoms et Air Algérie. Concernant les emprunts obligataires institutionnels négociés sur le marché de gré à gré, nous travaillons actuellement pour la mise en place de règles minimales d'efficacité, de sécurité et de transparence dans le fonctionnement de ce marché. Envisagez-vous des actions de partenariat pour une meilleure cotation de grands groupes et entreprises économiques ? Ce partenariat existe déjà entre notre institution, le ministère des Finances et le ministère des Participations et de la Promotion des investissements. Dans ce cadre, la COSOB a recommandé d'étudier l'opportunité de recourir au marché boursier, lors de la privatisation des grandes entreprises publiques, en réservant une partie du capital au public investisseur. Quelles sont les actions de modernisation du marché boursier en Algérie ? Le marché boursier évolue aujourd'hui dans un environnement beaucoup plus favorable que par le passé. Il est caractérisé par des améliorations induites par la modernisation du système bancaire, notamment par la mise en œuvre du nouveau système de paiement. Pour notre part, nous travaillons, toujours en concertation avec tous les acteurs de la place, à hisser le fonctionnement du marché boursier aux normes internationales. Nous avons entamé ce travail avec le dépositaire central des titres qui utilise un système très performant en usage dans plusieurs places financières développées et nous comptons le poursuivre avec la modernisation de la bourse d'Alger et des intermédiaires financiers. Les systèmes utilisés par ces deux acteurs, à savoir le système de négociation et les systèmes de gestion des titres développés généralement "en interne" seront remplacés dès cette année par des systèmes labellisés et plus performants. La professionnalisation des acteurs est également au cœur de cette réforme et demeurera une priorité constante dans notre démarche. A travers ces actions, nous visons à offrir aux investisseurs nationaux et étrangers ainsi qu'aux entreprises des conditions de marché qui répondent à leurs attentes en termes d'efficacité, de transparence, de sécurité et de liquidité. Cet important projet de modernisation et de développement de la Bourse d'Alger permettra, à l'Algérie, de se doter d'une bourse correspondant aux ambitions légitimes que la place financière d'un pays de l'importance de l'Algérie se doit de nourrir. Entretien réalisé par