Le souverain marocain a mis fin aux fonctions du ministre de l'Intérieur à l'origine du revers diplomatique subi par le Makhzen. Comme dirait Brel: «T'as voulu voir Venise, et on a vu Quimper...»!!! Y a des jours comme ça, des moments comme celui-là où tout semble aller de travers. On attendait le limogeage de Taïeb Fassi Fihri, ministre marocain des Affaires étrangères mais c'est Chafik Benmoussa, ministre marocain de l'Intérieur, qui a fait les frais de l'affaire Aminatou Haïdar. En effet, vingt-quatre heures seulement après une allocution télévisée du roi Mohammed VI, où il venait d'annoncer la création d'une commission chargée de réfléchir à la régionalisation, une autre nouvelle tombe du haut, encore une fois, sur la tête de l'élite politique marocaine, avec l'annonce le lundi 4 janvier 2010, d'un remaniement ministériel et le débarquement de ministres de taille tels que Chakib Benmoussa, ministre de l'Intérieur, de Abdelwahad Radi, en charge du département de la Justice et de Mohamed Boussaïd, ministre du Tourisme. «Ces nominations procèdent, de la volonté royale de conférer une dynamique accrue aux grands chantiers de développement et aux réformes institutionnelles structurantes que conduit le souverain», a indiqué à cette occasion le communiqué du Palais royal. Vraisemblablement, Benmoussa a fait les frais d'une gestion catastrophique de l'affaire Aminatou Haïdar qui a pris l'allure d'une crise diplomatique entre Rabat et Madrid. Pour rappel, les autorités marocaines ont refusé à deux reprises le retour de la militante de la cause sahraouie à El Ayoune. Le dénouement de cette affaire a été vécu et qualifié de sévère revers pour la diplomatie du Royaume. Un nom le symbolise: Taïeb Fassi Fihri. L'homme est souvent monté au créneau. Le ton ferme et accusateur. Il en faisait même un peu trop au point que certaines voix n'ont pas hésité à le désigner comme responsable de ce revers diplomatique. «Si certains observateurs estiment que le ministre des Affaires étrangères a géré le dossier avec professionnalisme, d'autres affirment par contre que le retour d'Aminatou Haïdar est un échec pour la diplomatie marocaine», écrira le 22 décembre le quotidien Aujourd'hui le Maroc. Le président de l'Association du Sahara marocain (l'ASM) se montrera plus virulent et réclamera la tête de Taïeb Fassi Fihri. «Le ministre des Affaires étrangères doit assumer l'entière responsabilité dans cette affaire qui a mis à mal les Marocains...», dira Mohamed Réda Taoujni. Mais c'est compter sans le poids dont jouit Taïeb Fassi Fihri au sein du Makhzen, apparenté à l'actuel Premier ministre Abbas El Fassi. Et il fallait bien un bouc émissaire pour sauver la face aux yeux du monde. Chafik Benmoussa était tout désigné du fait qu'en tant que ministre de l'Intérieur, la gestion des affaires internes du pays lui incombaient de fait. Pour rappel, le bras de fer entre la militante sahraouie des droits de l'homme, Aminatou Haïdar, et le gouvernement marocain, avait pris l'allure d'une partie d'échecs mettant Rabat sous une terrible pression. La communauté internationale qui s'est sérieusement inquiétée de la dégradation de l'état de santé de la militante sahraouie des droits humains a mis le gouvernement marocain devant ses responsabilités. La voix la plus puissante allait retentir des Etats-Unis. «Washington demeure inquiet pour le bien être et la santé de la militante sahraouie Aminatou Haïdar, lauréate du prix Robert F. Kennedy pour les droits de l'homme 2008 et du prix 2009 du Courage civil de la fondation Train», avait prévenu dans un premier temps, le 26 novembre, un communiqué de la secrétaire d'Etat américaine. Hillary Clinton a dû, à nouveau, hausser le ton. Elle a fait part de la préoccupation de la Maison-Banche à Taïeb Fassi Fihri qui se trouvait le 11 décembre 2009 à New York. «Notre inquiétude pour la santé de Mme Haïdar et notre souhait que l'on essaie de résoudre cette situation dès que possible», avait indiqué l'ex-première Dame des Etats- Unis.